La communauté internationale accusée de tentative d'influence de l’opinion publique camerounaise

Marie Claire Nnana SOPECAM Marie Claire Nnana

Mon, 21 Jul 2025 Source: Marie-Claire NNANA

Dans son éditorial de ce lundi 21 juillet 2025, la Directrice de Publication de Cameroon Tribune, Marie Claire Nnana décrypte la présidentielle d'octobre prochains tout en formulant des accusations de tentative d'influence de l'opinion publique nationale et internationale, par la "Communauté Internationale".



"Alors que l’horloge tourne et égrène inexorablement le temps vers le gong de la clôture de l’opération de dépôt des candidatures à l’élection présidentielle d’octobre, le témoin attentif de ce processus électoral peut déjà compiler les premières observations, sur l’ambiance, la tonalité générale, les principaux acteurs et leurs motivations. Présentons-les en trois tableaux :

Premier tableau : la course vers le Graal

L’élection présidentielle de 2025 est très courue, et se prépare dans un climat, certes pas hystérisé, mais ô combien passionné. De nombreuses têtes, et pas des moindres s’y bousculent pour briguer la magistrature suprême. Avec une rare détermination. Comme s’ils croyaient pouvoir saisir la chance de leur vie. En outre, la démission, fort scénarisée et médiatisée de deux alliés de longue date du RDPC, Bello Bouba Maïgari et Issa Tchiroma Bakary, a ajouté à ces prémices électorales un côté dramatique, décuplant l’intérêt et la curiosité, entretenant le suspense. Les médias, ceux d’ici et d’ailleurs, se délectent, et en redemandent. Les réseaux sociaux sont en ébullition. L’occasion faisant le larron, l’intelligence artificielle est mise à contribution par des acteurs de l’ombre, pour dénigrer les rivaux avec un semblant d’élégance et de méthode…

Deuxième tableau : tel est pris…

Le braquage des projecteurs de l’actualité sur le sort de la candidature de l’un des ténors de l’opposition, Maurice Kamto, n’est pas passé inaperçu. On peut supputer que le président du MRC ne se reprochera jamais assez d’avoir boycotté les élections législatives et municipales de 2020. Car son destin est désormais suspendu à un tour de passe-passe politico-juridique : faire héberger sa candidature par un parti allié, sans enfreindre les dispositions légales ; sans fâcher ses partisans, et sans braquer ceux du parti d’accueil. Une équation à plusieurs inconnues. Et une leçon amère : la politique est bien plus complexe que l’on veut bien nous faire croire. L’omniprésence médiatique ne confère pas une légitimité populaire. Quant aux actions d’éclat très controversées de la diaspora en faveur de ce candidat, elles sont impuissantes à régler la question de l’heure : trouver une assise juridique en béton à une candidature que l’esprit et la lettre de la loi disqualifient.

Troisième tableau : la cabale de l’impuissance

Le troisième point d’intérêt est sans conteste la focalisation du microcosme politico-médiatique sur l’un des acteurs-clés de ce processus électoral : le président sortant et déjà candidat Paul Biya, président national du Rassemblement démocratique du Peuple camerounais (RDPC). Quoi de plus normal, serait-on tenté de dire. Par sa stature, son expérience, sa maîtrise des arcanes de la politique, Paul Biya, l’homme qui a survécu à tous les chaudrons et crises politiques, est un sujet de premier choix pour les médias, les universitaires, les diplomates.

On peut aussi penser que le mystère de ce candidat-président qui cultive, depuis toujours la distance, le silence et l’indépendance d’esprit, attire à la manière d’un aimant.

Et pourtant, il ne s’agit pas que de cela. Cet intérêt apparaît malsain dès lors que l’image du candidat que le parti au pouvoir s’est librement choisi, conformément aux dispositions statutaires internes, est systématiquement « saccagée » dans certains médias camerounais et français, sous le fallacieux argument de l’âge et de la longévité. Pourquoi se représente-t-il ? Comment va-t-il faire campagne ? Doit-il partir ? fulminent-ils. Ces arguties et ces questions insensées trahissent un mépris à peine voilé pour nos lois, qui ne prévoient aucune disposition limitative liée à l’âge du candidat. Ces médias opposent donc un refus net au débat d’idées, pour surfer sur les considérations personnelles ! Afin de tenter de comprendre les raisons d’une telle posture, il faut rappeler l’enjeu et le contexte.

L’enjeu de cette élection, on ne le répètera jamais assez, c’est la maîtrise de notre destinée et de notre futur, la possibilité de nous donner les moyens de passer d’un pays à revenus intermédiaires à un pays émergent, avec le levier de nos ressources humaines et de nos richesses naturelles, transformées localement afin de booster la production industrielle.

Or, le grand saut du développement requiert l’unité nationale et la stabilité politique, la souveraineté et la justesse des choix économiques, le patriotisme et le culte de l’intérêt général. La question qui se pose alors aux Camerounais est simple : qui parmi cette trentaine d’aspirants, est le plus armé pour une telle mission ? Qui a les arguments les plus convaincants pour prendre le gouvernail en pleine tempête mondiale ?

A l’analyse de ces trois tableaux, une chose est claire : les Camerounais doivent se préparer à vivre des temps bien particuliers, inédits, dans les semaines à venir.

D’une part, les candidats de l’opposition, en rangs dispersés, sans stratégie et sans vision nouvelle à même d’enchanter les Camerounais, optent pour une campagne de dénigrement d’un adversaire jugé coriace. En utilisant le bras armé des médias. La cabale de l’impuissance !

D’autre part, « la communauté internationale », officiellement neutre, continue d’essayer d’exercer par médias interposés, une influence sur l’opinion publique camerounaise, en s’appuyant sur des opposants rongés par l’incapacité à représenter une alternative, ou sur des figures de la diaspora camerounaise, afin de peser sur le processus en cours. L’objectif est limpide : infiltrer ou déstabiliser le processus électoral, dans l’espoir d’imposer ou de contrôler les dirigeants…

Ces péripéties et bien d’autres à venir, ne doivent toutefois pas décourager les électeurs. Ils devront se convaincre qu’ils sont eux-mêmes les premiers gardiens de la démocratie camerounaise. Aussi resteront-ils vigilants sur tout ce qui concourt au choix libre et éclairé des citoyens, à la transparence du scrutin à toutes les étapes, et surtout aux médias affabulateurs. Car ne l’oublions pas : « Un bulletin de vote est plus fort qu’une balle de fusil », selon la formule d’Abraham Lincoln. Personne ne songerait à le contredire sur ce point. Ni hier, ni aujourd’hui".

Auteur: Marie-Claire NNANA