L’instrumentalisation politique du concept Bamiléké La conversation de Jacob Tatsitsa avec son chat, ce matin, le 31 août 2025.
Les ethnologues coloniaux, notamment allemands et franco-britanniques, façonnent et manipulent le concept « Bamiléké » et les régimes politiques camerounais successifs l’exacerbent et l’instrumentalisent. Cette analyse explore comment les acteurs politiques utilisent cette identité à des fins politiques, de la colonisation à aujourd’hui.
1. Sous la colonisation française
a. Répression de l’UPC
L’UPC, mouvement indépendantiste fondé en 1948, rassemble de nombreux militants Bamiléké. Les dirigeants français les étiquettent comme des « insurgés » et justifient ainsi une répression féroce. Par exemple, ils mènent des raids militaires dans les années 1950 contre les communautés bamiléké, causant la mort de milliers de personnes.
De plus, le gouvernement français s’ingère dans les structures tribales traditionnelles et manipule souvent les rois pour atteindre ses objectifs politiques. Il nomme ou révoque les rois selon leur allégeance, ce qui affaiblit les structures traditionnelles et suscite des divisions internes.
2. Durant le règne d’Ahmadou Ahidjo (1960-1982)
a. Répression après l’indépendance nominale
Après l’indépendance, le régime poursuit la lutte contre les indépendantistes de l’UPC. Il perçoit les Bamilékés comme hostiles. Par exemple, il torture assassine et mène des opérations militaires dans les années 1960, ordonne des exécutions extrajudiciaires et rase des villages.
b. Mise à l’écart politique
Le régime accorde peu de postes importants aux Bamilékés. L’élite du nord monopolise le pouvoir.
c. Éparpillement économique
Le gouvernement favorise l’émigration des Bamilékés vers d’autres régions, ce qui disperse leur influence régionale et permet de tirer parti de leur esprit d’entreprise.
3. Sous Paul Biya (depuis 1982)
a. Discrimination verbale dans le discours politique
Les discours officiels présentent parfois les Bamiléké comme trop ambitieux ou tribalistes, insinuant leur volonté de « prendre le pouvoir ».
b. Contrôle des élites Bamiléké
Le régime intègre des personnalités bamilékés, mais leur confie généralement des fonctions secondaires, sauf quelques rares postes clés.
c. Utilisation à des fins électorales
Le gouvernement s’appuie sur certains opérateurs économiques véreux et les rois bamilékés pour influencer les élections locales, leur offrant des avantages en échange de leur soutien au parti RDPC.
Conclusion
Les acteurs politiques utilisent l’identité bamiléké comme outil de contrôle, levier électoral et prétexte à la répression. Cette instrumentalisation révèle les tensions entre le pouvoir central et les dynamiques régionales dans l’histoire du Cameroun.