Djeukam Tchameni est un agent trouble, voici une lettre qu'il a envoyée à Mebe Ngo'o

Tchameni.png Djeukam Tchameni et Jean De Dieu Momo

Wed, 10 Sep 2025 Source: Brice Nitcheu

En 2002, Djeukam Tchameni avait adressée à Alain Mebe Ngo’o pour solliciter une rencontre discrète avec Paul Biya. À l’heure où le Cameroun traverse une période décisive de son histoire, chaque geste, chaque prise de parole et chaque initiative politique doivent être scrutés avec vigilance. Dans ce contexte, le parcours et les manœuvres de M. Djeukam Tchameni soulèvent de sérieuses interrogations.

En 2001, alors leader du Mouvement pour la Démocratie et l’Indépendance (MDI) et du Collectif National contre l’Impunité (CNI), Djeukam Tchameni engage une action judiciaire contre Paul Biya à Bruxelles. Cette plainte, qui devait marquer un tournant dans la lutte contre l’impunité, s’inscrivait dans une dynamique internationale visant à dénoncer et sanctionner les crimes commis par le régime camerounais.

À sa demande, je me rends personnellement de Londres à Bruxelles afin d’accompagner cette initiative. Nous scellons alors un accord pour internationaliser la démarche et mobiliser nos réseaux diplomatiques.

Dans le même temps, alors que nous œuvrions en Europe pour crédibiliser cette plainte, Djeukam Tchameni retourne au Cameroun et prend discrètement contact avec M. Alain Mebe Ngo’o, alors Directeur du Cabinet Civil de la Présidence. Dans une lettre que nous avons conservée depuis lors, il sollicitait une rencontre secrète avec Paul Biya. Le but déclaré de cette rencontre : trouver les moyens de « stopper la plainte » (qu’il nous encourageait pourtant à poursuivre), afin d’éviter que « la souveraineté nationale ne soit malmenée ».

Nous ignorons encore aujourd’hui si cette rencontre a eu lieu, ni ce qui en découla. Mais l’existence même de cette démarche interroge profondément sur la cohérence, la sincérité et la loyauté politique de Djeukam Tchameni.

Pendant près d’un quart de siècle, ce document est resté dans nos archives. Mais face aux initiatives actuelles de Djeukam Tchameni, le silence n’est plus tenable.

En effet, il organise, avec quelques quidams, ce samedi à Yaoundé un rassemblement sous l’étiquette d’une nébuleuse qui s’appelle l’« Union pour le Changement » sortie de nulle part, avec pour objectif affiché de « présenter le candidat consensuel » de l’opposition. Une démarche qui ne repose sur aucun consensus réel, aucune concertation sérieuse, aucune légitimité politique. Ni base militante, ni structures solides, ni expérience éprouvée sur le terrain ne viennent soutenir cette prétention.

Dès lors, une question s’impose : à quoi sert cette initiative ? Et surtout, à qui profite-t-elle ? D’ailleurs, comment le régime Biya, toujours prompt à interdire les meetings de l’opposition jusque dans les domiciles privés, a-t-il autorisé ce meeting en plein cœur de la capitale ? Le Cameroun n’a pas besoin, à ce tournant critique, de manœuvres dilatoires ni de projets parallèles sans ancrage. La lutte démocratique appelle à la clarté, à la cohérence et à la responsabilité. Or, les actions de Djeukam Tchameni, hier comme aujourd’hui, traduisent une constante : la confusion et la manipulation.

Il est du devoir de l’opinion publique camerounaise de rester vigilante. Car l’histoire récente nous enseigne que les régimes autoritaires prospèrent toujours sur les divisions et les fausses alternatives fabriquées pour neutraliser les vraies forces du changement.

En révélant cette lettre de 2001, il ne s’agit pas de solder des comptes personnels. Il s’agit de rappeler que la mémoire a un rôle politique et que la vigilance est sacrée.

Le peuple camerounais doit savoir qui parle en son nom, qui agit réellement pour le changement, et qui, au contraire, entretient la confusion au profit d’intérêts inavoués.

Le Cameroun est à un carrefour historique. Dans cette lutte, il n’y a pas de place pour les ambiguïtés, ni pour les «agents-troubles».

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Auteur: Brice Nitcheu