Les sacres peuvent être discutés, les votes peuvent être discutables, mais cette image qui bouillonne d’émotions et de fierté, elle, est indiscutable et éternelle. Celle d’une mère, Fatimata Dèmbélé, qui a vécu sur le podium du Ballon d’Or, une émotion contrastée, qui ne rendait pas visible sur la face le sourire de sa fierté, pourtant c’est pour cela qu’elle a tout sacrifié, déménageant de Vernon en Normandie pour Rennes, seulement pour que son fils poursuive le rêve de devenir footballeur professionnel.
On ne pouvait pas voir avec les yeux humains ce sourire, parce que c’est chaque organe de son corps qui était en transe. On ne pouvait non plus voir à l’œil ses larmes, parce qu’elle a longtemps pleuré, dans le silence de ses douleurs, quand il fallait joindre les deux bouts pour attendre la période de la moisson, ou quand nous les journalistes, nous disions tout et n’importe quoi sur son Fils.
La fierté peut rendre aphone, parce que les douleurs multiples et répétées ont fait sécher les larmes depuis longtemps. À ce moment, même les vagues d’émotions qui bercent le flot de tes pensées, ne peuvent te faire oublier combien de fois la barque a chaviré, et combien de fois, tu as cru que c’était fini. Cette résurrection publique ne devient que le bonus d’une vie que tu savoures dans l’intimité de tes expériences.
Dembélé, vient de loin, de très loin même ! Jamais il n’a été classé au BALLON D’OR! Puis quand il apparaît, il gagne et s’en va. C’est une trajectoire rare, et presque jamais vu. On voit généralement les vainqueurs des années à venir arriver, par leur progression aux différents classements ou à travers les distinctions intermédiaires. Lui n’a pas suivi cet itinéraire. Il est aussi particulier parce que c’est véritablement le premier nom qui sonne fortement africain dans l’histoire de ce classement. Il aura beau été français par sa nationalité, mais rien ne coupera le cordon de ce nom des princes et des Rois en Afrique, Ousmane… comme Dan Fodio. Il est peut-être la bonne transition pour ouvrir la saison des Mbappé et autres. Ce sont des phénomènes qui apparaissent dans l’histoire, laissent une marque et s’en vont.
Hier donc, ce n’est pas seulement lui qui a été sacré, c’est aussi la localité de Waly Diantang en Mauritanie d’où vient sa mère, qui était sur ce podium comme un drapeau de la Mauritanie, flottant devant ce vent d’émotions, dans le ciel de Paris. Félicitations Maman, véritable BALLON D’OR !