'Nous avons besoin de nouveaux maîtres'

Paul Biya Cameroon Inquiet Appel à se libérer

Wed, 1 Oct 2025 Source: www.camerounweb.com

L’Afrique face à l’endocolonat : décoloniser l’intérieur pour reconstruire le futur. Par Charles Jr Yoba

« Le colon est parti. Mais le colonat est resté. Et parfois, il a pris nos visages ». Pendant des décennies, les peuples africains ont lutté pour se libérer du joug colonial. Les drapeaux étrangers ont été abaissés, les constitutions rédigées, les hymnes nationaux chantés. Mais derrière ces symboles, une autre domination s’est installée — plus insidieuse, plus durable, plus perverse. C’est ce que j’appelle l’endocolonat : la colonisation de l’intérieur.

Le visage noir du système colonial

L’endocolonat, ce n’est pas l’Occident. Ce n’est pas le colon d’hier. C’est nous, quand nous reproduisons les logiques de domination, d’exploitation et d’aliénation héritées du système colonial. C’est l’élite africaine qui gouverne sans vision, sans enracinement, sans amour du peuple. C’est l’administration qui réprime au lieu de servir, l’économie qui exporte au lieu de transformer, l’éducation qui glorifie l’Europe et ignore nos civilisations.

C’est ce ministre qui parle français mieux que sa propre langue, ce professeur qui cite Rousseau mais ignore Cheikh Anta Diop, ce PDG qui rêve de New York mais méprise Douala, Bamako ou Kinshasa.

Une aliénation mentale profonde

L’endocolonat est d’abord une colonisation des esprits. Il nous fait croire que le progrès vient d’ailleurs, que nos traditions sont archaïques, que notre salut dépend de la Banque mondiale ou de Paris. Il nous pousse à imiter au lieu d’inventer, à consommer au lieu de créer, à attendre au lieu d’agir.

Il nous fait élire des dirigeants sans projet, applaudir des discours creux, et tolérer l’inacceptable — parce que nous avons perdu le sens de notre propre dignité.

Le vrai combat : décoloniser l’intérieur

Ce combat n’est pas contre l’Occident. Il est contre l’aliénation, contre la servitude volontaire, contre le mimétisme institutionnalisé. Il est contre l’endocolonat qui gangrène nos États, nos écoles, nos médias, nos imaginaires.

Décoloniser l’intérieur, c’est réécrire nos récits, nos manuels, nos programmes scolaires. Repenser nos modèles économiques à partir de nos réalités. Reconstruire nos institutions sur la base de la justice, de la souveraineté et du service public. Réhabiliter nos langues, nos penseurs, nos héros. Former une nouvelle génération de bâtisseurs, enracinés et visionnaires.

Une génération pour rompre le cycle

Nous n’avons pas besoin de nouveaux maîtres. Nous avons besoin de nouveaux leaders. Des femmes et des hommes qui ne cherchent pas à plaire aux chancelleries étrangères, mais à réveiller leur peuple. Des esprits libres, capables de penser en africain, d’agir en stratèges, et de rêver en bâtisseurs.

Le temps est venu de rompre avec l’endocolonat. De refuser les logiques de soumission. De reconstruire l’Afrique par nous, pour nous, avec nous. « Le colonat ne mourra pas tant que nous le portons en nous. Libérons nos esprits, et l’Afrique se relèvera ».

Auteur: www.camerounweb.com