'Issa Tchiroma sait très bien que s’il perd il ira soit en prison soit en exil'

Quand issa Tchiroma Bakary est revenu au gouvernement pour la deuxième fois, grâce à un arrangement avec le RDPC, il est entré en grande pompe comme ministre de la communication, l’un des plus puissants du gouvernement. Il était omniprésent : plateaux télé, conférences, médias… il était le visage du gouvernement.

Mais un jour, tout a basculé. Il a été relégué au ministère de l’emploi, un poste sans pouvoir réel, sans budget, sans considération. Une humiliation silencieuse mais cruelle. Plusieurs de ses projets étaient systématiquement bloqués à la présidence, et certains de ses collègues en particulier ceux du RDPC se moquaient ouvertement de lui. Il l’a laissé entendre lui-même dans certaines sorties publiques.

Pendant la covid, tous les ministères ont reçu des moyens. Lui ? Rien. Même pas une enveloppe. On faisait comme si son ministère n’existait plus.

Youbass Invest : un jour, je me suis rendu à son bureau avec des partenaires turcs pour un projet structurant, capable de créer de nombreux emplois. Après avoir lu le dossier, il m’a dit :

« Bachir, votre projet est excellent. Mais je vais être honnête : ils feront tout pour le bloquer. Je ne sais pas pourquoi ils me mettent autant de bâtons dans les roues… »

J'avoue que quand je suis sorti de son bureau, j’étais perdu. Je ne comprenais pas comment un ministre en exercice pouvait être combattu par ses propres collègues. A l’époque, j'avais cru que c'était un prétexte pour ne pas m’aider. C'est bien après que j'ai compris qu'il était réellement combattu.

Aujourd’hui, Issa Tchiroma est de retour. Et il surprend avec sa popularité. Il critique le régime avec un courage suicidaire on dirait qu’il n’a jamais été ministre.

Il attaque directement le gouvernement, il parle librement, avec une force. Mais en vérité, il sait qu'il n’a pas le choix. Il sait que s’il perd, il ira soit en prison, soit en exil.

Il connaît le système de l’intérieur. Il sait que la rupture n’est jamais pardonnée. Alors il fonce, sans retour en arrière. Ce n’est pas une simple candidature. C’est un combat pour sa survie. Il doit gagner ou tomber.