Connaissant mon bon Grand Issa Tchiroma Bakary, ses volte-face légendaires et ses repentirs spectaculaires, il ne serait nullement surprenant de le voir, dans deux semaines à peine, revenir devant les caméras, la main sur le cœur, jurant par tous les dieux qu’il s’est égaré et qu’il demande pardon au Chef de l’État, Son Excellence Paul Biya. L’homme en est capable. Il l’a déjà fait, il le refera. Car chez Tchiroma, l’incohérence n’est pas une faute : c’est une méthode.
Il n’est pas exagéré de dire que Tchiroma Bakary est le plus grand repenti politique de ces quarante dernières années. Lui seul maîtrise l’art d’accuser aujourd’hui pour féliciter demain. Il insulte, puis il s’excuse. Il rompt, puis il revient.
Et à chaque retour, il parle avec la ferveur d’un nouveau converti.
On le connaît, mon bon Grand : il ne tardera pas à apparaître sur un plateau télévisé, le ton grave, le regard humide, déclarant solennellement :
« Je demande pardon au Chef de l’État, Son Excellence Paul Biya. Je lui demande pardon d’avoir un seul jour douté de lui. Je reviens vers lui comme le fils prodige, décidé à le servir, lui et la Nation, avec loyauté et fidélité ».
Et le plus surprenant, c’est que cette mise en scène que tout le pays verrait venir à des kilomètres ne choquerait plus personne.
Car Tchiroma nous y a habitués. Depuis ses premières armes politiques, Issa Tchiroma a toujours su négocier ses convictions comme on négocie une place dans un convoi ministériel.
Il a soutenu ceux qu’il combattait la veille, dénoncé ceux qu’il servait la veille encore, tout en jurant à chaque fois agir “pour le peuple”. Ses “convictions” ressemblent à des costumes qu’il enfile selon la saison :
En hiver politique, il devient opposant.
En été présidentiel, il redevient loyaliste.
Et quand le vent tourne, il change à nouveau de manteau.
Alors, dans deux semaines, si mon bon Grand revient devant les caméras, main sur le cœur, pour dire qu’il demande pardon au Président Biya et qu’il veut le “servir à nouveau avec loyauté”, ne soyez pas surpris.
Ce n’est pas un repentir.
C’est juste un épisode de plus dans la saga des retournements de veste d’un homme pour qui la politique n’est pas une mission, mais une habitude.