Ce matin, chacun aura son 6 novembre. Certains sont nés ce jour et vont célébrer leur anniversaire. Ironie du sort, ils sont nombreux à célébrer aussi leurs 33 ans d’existence comme Paul Biya va célébrer ses 33 de magistrature suprême, un record en Afrique. On imagine que cette génération de Camerounais qui vont attendre de recevoir par tous les canaux que nous offrent les Ntic les «Happy Birthday» à profusion.
Parce que la paupérisation dans laquelle nous a plongé le régime au pouvoir, depuis 33 ans, ne nous permet plus de témoigner notre fraternité avec des mains chargées. Oui, le 6 novembre 1982 est le jour où «Dieu a tourné le dos au Cameroun» comme le disait goguenard mais d’une vérité implacable le post de l’un de mes contacts des réseaux sociaux.
En revanche, dès les premières heures de cette matinée du 6 novembre, les médias audio et audio-visuels de propagande du parti au pouvoir et laudateurs à l’égard du président Paul Biya (Crtv Poste national, les dix stations régionales, les chaines commerciales et la Crtv télé) sans oublier les médias privés dont la tolérance administrative en a fait des excroissances de la Crtv, vont nous réveiller avec des informations dithyrambiques à l’égard du Prince d’Etoudi.
Chacun des médias va aller de son allant pour être le meilleur panégyrique. C’est à se demander s’il n’y a pas comme lors des défilés des écoles, une prime de la flagornerie médiatique de cette journée.
Lorsque péniblement nous allons pouvoir nous lever pour vaquer à nos occupations ou fureter là où se célèbre un anniversaire soit par un partage du gâteau ou de boissons (alcooliques et gazeuses), quel ne sera pas notre supplice de voir nos frères, sœurs et compatriotes comme une chape de plomb arborer la tenue du parti au pouvoir, le Rdpc, lui a déjà célébré ses 30 ans en mars dernier, vadrouiller devant nous. Sans destination, dans le seul espoir de paraître. Heureusement pour eux, le Rdpc est plongé dans une opération de renouvellement des bureaux de ses organes de base qui piétine depuis fin juillet et va prendre un coup d’accélérateur avec le passage au scrutin.
Ce qui va obliger les potentiels candidats, notamment des sections et sous-sections de casser leur tirelire pour démarrer de manière déguisée pour les uns et donner un coup d’accélérateur pour les autres à leur campagne électorale. Nous mettant plein les yeux comme s’il s’agissait de la célébration des 33 ans du Rdpc.
Pourtant toute l’hystérie des Rdpcistes, et désormais des Biyaistes qui sont plus nombreux, au regard des milliers de personnes qui disent soutenir les idéologies du président Paul Biya, mais désormais très peu sont les militants qui ont pu lors de l’opération de vente des cartes de fin d’année 2014 se procurer des cartes de militants. Démontrant à suffisance que, le Rdpc comme tous les partis politiques camerounais est exsangues de militants.
Ceux qui s’y réclament ne sont que des opportunistes, très souvent des «créatures» de la force du décret du Prince devenu «Dieu d’Etoudi» ou de ceux qui agissent par procuration en son nom. C’est dire que ce jour du 6 novembre 2015, est le jour où le «Dieu du Rdpc» est arrivé au magistère suprême du Cameroun. Pendant, que sans conviction aucune certains pseudo militants du Rdpc vont se plonger dans une éphémère hystérie, qu’elles en seront leurs motivations. Serait-il comme s’ils allaient célébrer l’anniversaire d’un brigand en sachant la vérité?
Parce que dans son discours de démission après 25 ans de magistrature suprême, Ahmadou Ahidjo dans une description de l’héritage qu’il léguait à son successeur déclarait : «Notre pays dispose des atouts importants. L’unité nationale consolidée, des ressources nombreuses, variées et complémentaires, une économie en expansion continue, des finances saines, une justice sociale en amélioration, une population laborieuse et une jeunesse dynamique, de solides et fructueuses relations d’amitié et de coopération en Afrique et dans le monde» sic.
33 ans après qu’en est-il ? Nous sommes allés à la rencontre des observateurs avertis qui ont traversé les deux périodes de règne des deux régimes au pouvoir que le Cameroun a connus jusqu’ici pour faire avec froideur le bilan.