Jean-Pierre Djemba, 1er Vice Président du PSP/UPC analyse le régime politique du Cameroun. Il conclut que le Cameroun n’est ni une démocratie, ni une dictature.
Dans les démocraties occidentales, que faute de volonté politique mais aussi d'imagination, nos dirigeants ont pris comme modèle, le fonctionnement des institutions donne lieu à une curiosité que l'on pourrait qualifier comme étant un oxymore, tant y cohabitent deux genres qui sont naturellement contradictoires et en opposition : la démocratie et la dictature.
Dans ce régime politique, on répète à volonté à qui veut l'entendre par exemple que c'est le peuple qui est souverain. Souverain voulant dire celui qui exerce un pouvoir suprême au dessus duquel, il ne se trouve aucun autre pouvoir. Une posture qui devrait dans les faits se traduire par un traitement de faveur particulièrement avantageux et respectueux de celui qui en fait l'objet.
Avantageux sur le plan matériel et respectueux sur le plan protocolaire notamment. A l'observation des faits réels cependant, c'est tout le contraire que l'on constate tout le temps que dure les différents pouvoirs que le peuple est supposé accordés à ses mandataires.
Sur le plan matériel, les députés, les ministres et les hauts commis de l'appareil d'État touchent des salaires mirobolants alors que le peuple est rétribué au salaire minimum interprofessionnel garanti (smig), quand il a effectivement droit à un emploi et à un salaire.
Sur le plan protocolaire, le jour de la fête nationale, la horde des corps constitués de l'appareil d'État, le président de la République et ceux qui ont la grâce d'être ses invités, sont traités comme des satrapes, alors que le peuple est cantonné à jouer les spectateurs tout le long du l'interminable trajet que le convoi des berlines qui transportent les officiels ou plutôt la cour, va emprunter pour se rendre à l'endroit où se déroule le show.
Un spectacle qui a tout point de vue, est semblable au festival de Cannes où il y a d'un côté les stars qui marchent sur un tapis rouge, et de l'autre, la foule qui vient quémander que l'on daigna simplement lui accorder un regard, un sourire, ou lui manifester le moindre intérêt en levant timidement la main pour le saluer.
La démocratie a vraiment l'air du monde a l'envers. En effet, dans ce qu'elle montre concrètement à voir et à vivre, c'est le peuple que l'on dit pourtant souverain qui est effectivement et absolument au service du pouvoir exécutif qui est par définition à son service. Un véritable oxymore. Au Cameroun par exemple, le 20 mai de chaque année, c'est vraiment l'expression de sa caricature qui est poussée dans ses derniers extrêmes. Un horrible spectacle et un absolu crève-cœur pour les vrais démocrates.