‘Le régime de Paul Biya n’a pas peur des représailles des enseignants’

Le Dr. Pierre Ondoa critique les enseignants alors que la grève tant à se durcir

Sat, 26 Feb 2022 Source: www.camerounweb.com

• Depuis le lundi 21 février 2022, les enseignants camerounais sont en grève.

• Le Dr. Pierre Ondoa critique les enseignants alors que la grève tant à se durcir

• Pour lui, ils ne savent pas mener une lutte d’intérêt commun



Le Dr. Pierre Ondoa demande aux enseignants grévistes, dans une tribune, de mettre la pression sur le gouvernement afin que leurs conditions de vie soient définitivement améliorées.

Depuis le lundi 21 février 2022, les enseignants camerounais sont en grève. Le mouvement d’humeur qui en principe devait durer trois jours (du lundi 21 février au mercredi 23 février 2022), a été prolongé.

Le Dr. Pierre Ondoa critique les enseignants alors que la grève tant à se durcir : « comment des hommes et des femmes qui devraient incarner la droiture, la dignité, l’exigence du respect de soi se sont laissés autant zombiphier par le régime Biya-RDPC qu’ils sont incapables de revendiquer leurs droits ? », s’interroge-t-il dans une tribune publiée sur les réseaux sociaux.

« Les enseignants camerounais sont une foule qui ne sait pas faire foule. Ils ne savent pas mener une lutte d’intérêt commun. », selon l’enseignant Assistant d’université.

Ci-dessous l’intégralité de sa tribune :

Doit-on vraiment s’apitoyer sur le cas des enseignants camerounais ?

Comment des hommes et des femmes qui devraient incarner la droiture, la dignité, l’exigence du respect de soi se sont laissés autant zombiphier par le régime BIYA – RDPC qu’ils sont incapables de revendiquer leurs droits ?

Quelle est la considération que le régime BIYA – RDPC accorde aux enseignants? Au fait pourquoi devrait-il les respecter alors qu’ils n’exercent aucun pouvoir de coercition sur la population. Les administrateurs civils, les policiers, gendarmes, militaires et magistrats constituent les instruments grâce auxquels ce vieux régime tient en otage les Camerounais depuis bientôt quarante ans. Le régime n’a donc pas peur des représailles des enseignants. À la vérité, les enseignants qui sont tant méprisés par BIYA, pour qui le pouvoir se résume au rapport de forces et non au dialogue et à la recherche de la paix sociale, le sont de leur propre fait car ils peuvent constituer un levier de pression pacifique terrible sur le pouvoir. Ils aspirent tous à une vie descente, à s’occuper dignement de leurs familles mais chacun d’eux croit pouvoir réussir seul cette équation en se laissant zombiphier dans l’espoir d’avoir une nomination – comptoir où il peut se battre ». Aussi sont-ils nombreux à être membre du RDPC, biyayistes, chantalistes, brendistes, franckistes etc…Pour tenter d’échapper à leur misérable destin d’enseignant sans nomination, sans comptoirs administratifs.

Résultat de la course à ce mirage, les enseignants camerounais sont une foule qui ne sait pas faire foule. Ils ne savent pas mener une lutte d’intérêt commun. Dans ce contexte, les milliers d’ENSEIGNANTS qui échouent aux portions des nominations – comptoirs se débrouillent comme ils peuvent sur les apprenants et leurs familles.

Les enseignants de la maternelle qui » empruntent » tous les jours – tous les jours -, sans jamais penser à rembourser, le goûter des tous petits afin d’ éviter de tomber en hypoglycémie, du primaire, qui vont à l’école avec les habits déchirés et organisent tous les jours les ateliers de cuisine pour ravitailler leurs familles ; et ceux du supérieur qui exigent les bons repas aux pauvres étudiants qui soutiennent les mémoires et les thèses, s’équipent, s’habillent – même pour les sous-vêtements- dans » l’akrika », la friperie est les occasions de diverses natures arrivées du monde entier attendent quoi pour se joindre aux enseignants du secondaire ?

C’est le moment !

Les enseignants camerounais, tout grande confondu, doivent saisir l’occasion unique actuelle pour, au-delà des problèmes spécifiques posés par les enseignants du secondaire à travers leur mouvement « OTS », exiger :

1– un traitement salarial digne,

2– un cadre de travail digne et propice à la transmission du savoir et à l’éducation du citoyen (un modèle arrêté par des architectes de la salle de classe, de l’école, du lycée des établissements universitaires et des universités où on peut travailler, disposer de bibliothèques, aller aux toilettes, avoir accès à l’eau, pratiquer des activités sportives etc.);

3- un plan de carrière pour les enseignants des cycles maternelle, primaire et secondaire comprenant des formations et stages préparatoires aux différents postes de l’éducation (directeur d’école, Proviseur, inspecteur pédagogique, délégué, surveillant général, contrôleur de gestion de l’éducation etc.)

4- l’élection des recteurs, vice chancellors, des doyens, chefs de départements etc. pour un mandat de 3 ans renouvelable une seule fois. Plusieurs pays du même niveau que le Cameroun, voire moins nantis, accordent un meilleur respect à leurs enseignants. C’est par exemple le ça en Côte d’Ivoire, au Sénégal etc.

De façon ferme mais pacifique, les enseignants camerounais doivent exiger du pouvoir la fin du mépris à travers un « OTS » élargi. Ils doivent laisser à d’autres corps de métiers, comme celui du personnel soignant, le choix de continuer à accepter le mépris.

Par Dr Pierre ONDOA, enseignant Assistant d’université.

Auteur: www.camerounweb.com