Selon Sébastien Eloundou, les artistes Bikutsi ne mènent pas bien leur rôle. Il insinue d’ailleurs qu’ils constituent une honte pour la culture Beti. Il en parle dans une analyse que la rédaction de Camerounweb vous propose de lire.
LA RAISON POUR LAQUELLE LA CULTURE BETI NE SERA JAMAIS VALORISÉE
On dit très souvent que les artistes sont les ambassadeurs de la culture. Et c'est une réalité puisque le monde extérieur n'a connaissance de notre richesse culturelle qu'à travers son expression artistique.
Les chinois ont révolutionné le cinéma d'action avec le Kung fu. Les Jamaicains avec le reggae, les Sud Africains avec la Pantsula et la danse Zoulou, ont émerveillé le monde avec leurs pas de danse.
En Afrique, la Rumba Congolaise et la danse Ekongo, continuent de rythmer le monde musical et son rayonnement international est incontesté.
Au Cameroun à une époque, le Makossa, le Bikutsi, l'Assiko, Le Manganbeu-Bendskin, le Samali, le Club, Le Kpaloum écrivaient les lettres d'or de la musique et de la culture Camerounaise.
Aujourd'hui même si la plupart de ces rythmes sont continuellement joués et dansés lors d'événements culturels, il faut avouer que les artistes du Bikutsi, loin de perpétuer les valeurs culturelles Beti liées à ce rythme musical, ont plutôt contribué à le pervertir au point de lui donner une étiquette de dépravation.
Cela s'observe d'ailleurs à travers la façon dont s'habillent les artistes du Bikutsi. Les hommes lorsqu'ils n'affichent pas des mines patibulaires, ressemblent à des comédiens des films mimétiques des années 50, à l'instar de Charlie Chaplin. Tandis que les femmes ressemblent à des dragqueens, toujours vêtues d'oripeaux aux allures des femmes des maisons closes.
Est-ce donc ça la culture Beti ? Qui n'est pas émerveillé de voir les Sawa esquisser avec élégance sous un rythme musical Ambassimbé, des pas de danse, vêtus de leurs pagnes et de leurs chasses mouches ? Qui n'est pas envieux de voir des Bamileke effectuer leurs danses folkloriques habillés du Ndop, l'un des plus beaux tissus traditionnels au monde? Qui n'est pas émerveillé de voir des filles Bamoun balancer leurs larges bassins, vêtues élégamment de leurs tenues traditionnelles appelées Tieya ?
Mais lorsqu'il s'agit des Beti, vous voyez des rombieres sans éducation, vêtues comme des prostituées, s'agiter de façon grotesques sous un rythme de Bikutsi dont les paroles de chansons se veulent de plus en plus perverses.
Est-ce donc cela les valeurs de notre culture que nous voulons exporter? La musique culturelle Beti ne peut elle s'exprimer qu'en des termes impudiques, pervers et dégradant vis-à-vis de la gente féminine ? Tout c'est le sexe, le sexe et encore le sexe.
D'aucuns me diront qu'il faille moderniser notre culture et l'adapter à la comptemporanéité. Mais moi je leur dirais que les chinois malgré leur développement technologique ont préservé l'authenticité des temples et continuent de manger leurs repas avec deux baguettes de bois. Les Bamileke mangent toujours leur Achu avec des doigts et s'habillent toujours avec du Ndop tissé à la main. Les Nordistes portent toujours leurs gandoura lors des grandes cérémonies. Les Sawa portent toujours leurs pagnes autour des reins, etc.
Justement la culture et la tradition ne se modernisent pas. Car ce sont les marqueurs intemporels de notre identité qui nous singularisent et nous permettent de transmettre aux générations futures, l'histoire de notre peuple afin que celle-ci jamais ne disparaisse.
Dites donc à ces artistes Bikutsi qu'elles sont une honte pour notre peuple et dévalorisent par leurs accoutrements la richesse et la noblesse du patrimoine culturel Beti."
Sébastien Eloundou