‘Samuel Eto’o, les camerounais veulent que tu partes’

Ecclésiaste Deudjui revient sur cette grande volonté des Camerounais.

Sat, 26 Aug 2023 Source: Ecclésiaste Deudjui

Deux ans après son élection, c’est tout le monde qui souhaite que Samuel Eto’o se retire de la présidence de la fédération camerounaise de football… Ecclésiaste Deudjui revient sur cette grande volonté des Camerounais.

Les Camerounais savent que tu étais un grand joueur

Sur ce point-là hein, personne ne bronche ! Tout le monde sait parfaitement que Samuel Eto’o a été un extraordinaire footballeur, un excellent même, et qu’il a côtoyé les cimes dans le gratin de cette discipline sur le plan continental et planétaire.

Samuel Eto’o a joué au FC Barcelone, et nous étions systématiquement des supporters du grand Barça de l’époque. On regardait tous ses matchs en direct, on le suivait à la télévision lors de ses interviews et de ses transferts, d’ailleurs nous avons détesté la Catalogne lorsqu’il est parti à l’Inter Milan, ensuite nous l’avons encouragé à signer à Makhatchkala parce qu’on voulait qu’il gagne beaucoup-beaucoup d’argent…

Samuel Eto’o était le genre de joueur qui nous donnait des vibrations ; d’ailleurs nous étions tous éveillés le 30 septembre 2000, à 3 heures du matin, lorsque le Cameroun venait de remporter magistralement les jeux Olympiques de Sydney…

Les Camerounais ont souvent décrié ton comportement

Même si on adorait le footballeur, on décriait souvent le personnage. Samuel Eto’o était déjà une personnalité clivante, lui qui était capable d’asséner un coup de tête un journaliste (Boni Philippe, pour ne pas le citer) en traversant la zone mixte. Une fois même, en pleine conférence de presse, il avait indexé un journaliste en déclarant qu’il allait rencontrer son patron pour le faire littéralement licencier […]

Bref, un personnage atypique. Le genre de capitaine qui organisait des grèves, d’ailleurs il avait récolté plusieurs mois de suspension après avoir mobilisé les joueurs à Marrakech, pour une histoire de primes. Pire, avant le départ pour le Mondial en 2014, Samuel Eto’o avait refusé de prendre le drapeau des mains du Premier ministre, alors qu’il était le capitaine des Lions indomptables. On n’oubliera pas non plus ses disputes avec Achille Emana, son refus du remplacement de Choupo-Moting en pleine rencontre des éliminatoires, ou encore ses affaires d’ego (il parle de lui à la troisième personne du singulier) et ses concours de coq avec son jeune frère Alexandre Song.

J’aurai aussi pu vous parler de Nathalie Koah et de ses révélations dans Revenge Porn, mais je les avais déjà dévoilées dans un précédent article. Toujours est-il qu’il s’agissait d’un joueur fugace mais d’une personnalité dérangeante, perturbante mais surtout inévitablement incontrôlable.

Les Camerounais voulaient te voir à la tête de notre football

Pour dire vrai hein, tous les Camerounais voulaient voir Samuel Eto’o à la tête de notre fédération de football ! Du moins, pour le symbole. Du moins, pour redonner enfin le football aux footballeurs. Du moins, pour accorder à la plus grande star de l’histoire de notre sport, la présidence complète de notre fédération camerounaise de football…

Et puis, il avait tout pour lui : la légende, l’aura, la notoriété, la volonté. L’argent. Parce que les gens se disaient bien que pour une fois, on aurait enfin un président qui ne viendrait pas uniquement pour se remplir les poches, et qu’il travaillerait exclusivement pour notre football. Les gens se disaient que, au lieu de diriger la Fécafoot par marionnettes interposées comme il le faisait auparavant, c’était mieux qu’il le fît par lui-même de façon officielle. Les Camerounais étaient excités, ils étaient impatients, ils étaient même très déterminés.

Et le 11 décembre 2021 j’étais l’un des plus heureux au monde, parce qu’on venait d’élire —en mondovision— celui qui avait proposé le programme de développement le plus crédible, le plus innovant, le plus ambitieux, le plus professionnel, etc.

Les Camerounais pensent que tu es un mauvais manager

Samuel Eto’o, tu es un mauvais manager ! La question ne se pose même plus, tellement tu nous as fourni les arguments et les munitions pour te faire fusiller.

C’est la première fois, dans toute l’histoire du management sportif, que les gens peuvent découvrir un président de fédération aussi dictateur. Car avec toi, les discussions n’existent pas. Les compromis ne font pas partie de ton mode de fonctionnement, et toi tu n’ouvres tes oreilles que pour les flagorneries laudatrices et les atalakous qui vont t’emmener droit dans le mur.

Samuel Eto’o, tu es très mal entouré. Tu es très-très mal conseillé. Les gens qui te côtoient te disent tout le temps que tu es le plus beau, le plus fort et le plus sage. Ils nourrissent ton ego surdimensionné afin de rehausser ta gloriole individuelle, mais c’est exclusivement pour satisfaire leurs appétits insatiables et leur porte-monnaie qui ne s’amenuise jamais. Ils sont là ils critiquent ceux qui te critiquent sans les écouter, et ils les traitent même comme des hiboux. Ils ont fini par s’attaquer à tous ceux qui essaient de te rappeler que tu n’es pas au-dessus de nos lois, et que d’ailleurs tu n’as absolument rien d’un dieu. C’est ainsi qu’ils fustigent la CAF, le TAS, le Coq sportif, la LFPC, Yannick Noah, Toni Conceiçao, André Onana, Njalla Quan, Guibai Gatama, le ministère des sports, bref, tous ceux qui ne sont pas du même avis que toi. Ils t’ont aidé à instaurer un climat de terreur non seulement dans la Tanière des Lions, mais également au sein même du comité exécutif et de l’Assemblée générale de toute la fédération.

Samuel Eto’o Fils, tu es un petit manager ! Tu es vraiment très médiocre. Tu ne sais pas diriger les hommes, car tu les cornaques avec tes émotions et non pas avec le comportement des vrais leaders. Tu es trop rancunier. Tu es trop susceptible, et je dirais même que tu as une attitude primesautière. Tu agis trop rapidement et sous le coup de la colère. Tu ne sais pas encaisser des coups. Tu ne sais pas supporter la contradiction. Tu n’as pas encore compris que lorsqu’on est à la tête d’un groupe, il ne suffit pas seulement d’avoir de bonnes résolutions pour pouvoir atteindre tous ses objectifs. Il faut aussi et avant tout que tu sois d’abord un individu humainement bon.

Samuel Eto’o Fils, tous les Camerounais souhaitent que tu partes !

Donc le 11 décembre 2021, Pierre La Paix Ndamè faisait partie des Camerounais les plus heureux de notre pays. Mais vingt mois après son élection, c’est tout le monde qui souhaite que Samuel Eto’o se retire définitivement de notre fédération camerounaise de football…

Samuel Eto’o, les Camerounais veulent que tu partes ! En moins de deux ans seulement, tu as créé plus de polémiques et de querelles que tous tes prédécesseurs réunis, alors que la Fécafoot existe depuis 1959 !

Samuel Eto’o, les Camerounais veulent que tu démissionnes ! Car au rythme où vont les choses, ce sera plus humiliant pour toi si on te débarquait manu militari, ou alors si tes agissements te conduisaient inéluctablement vers la case Nkondengui.

Samuel Eto’o Fils, les Camerounais t’aiment encore de tout leur cœur, mais si tu persistes à te maintenir tu vas finir par désagréger toute ta légende.

Car nous étions vraiment heureux de te voir accéder à cette fameuse présidence, mais on ne s’imaginait pas que c’est comme cela que tu allais faire. Nous pensions que tes bonnes intentions suffiraient à redonner au football camerounais toute son épaisseur, mais hélas nous nous étions fourvoyés. Tu es plutôt devenu un petit dictateur, un roitelet de notre football qui essaie de se positionner au-dessus de nos règlements et de nos lois. Tu es devenu un individu sans foi ni pitié, qui emprisonne ses adversaires et qui exclue ses contradicteurs de toutes les instances dirigeantes de notre Fécafoot. Tu es devenu un justiciable soupçonné de matchs truqués, un antidémocrate qui proroge son mandat en cours avec effet rétroactif, un personnage mal-aimé qui se met à dos simultanément les communautés de l’Ouest, de l’Est, du NoSo et même du Grand Nord. Sans oublier que tu es en froid avec les hommes politiques, mais également avec la majorité de nos présidents de clubs de football. Samuel ! Si tu es sage hein, il est déjà temps de quitter les choses avant que les choses ne te quittent…

Auteur: Ecclésiaste Deudjui