Une grande action de consternation qui a débuté à Douala le 23 février 2008 et s’est propagée dans les autres villes du pays avant de se généraliser. Ce jour-là, le principal parti de l’opposition, le SDF, organise une manifestation contre la modification de la constitution malgré l'interdiction du gouverneur. La police disperse la manifestation et aurait utilisé des balles réelles. Il y aurait eu un à deux morts et la mise à sac d'une station-service.
Un bus de la SOCATUR est incendié. Deux jours après, le 25 février, c’est le début de la grève des taxis et les principales villes du pays s’embrassent. De source officielle il y aurait eu 24 morts dont un policier et plus de 1 500 interpellations.
Huit ans après, rien n’a véritablement changé. Au contraire, la situation va s’empirant. «A côté de la crise économique ambiante, la vie chère, le taux de chômage des jeunes élevé, le prix du carburant toujours élevé malgré la chute drastique du prix du baril sur le marché mondial, s’ajoute aujourd’hui un problème de coupure intempestive d’électricité.
Coupure qui au jour d’aujourd’hui a déjà fait plus d’une vingtaine de morts suite aux incendies dans les seules villes de Douala et Yaoundé», souligne La Nouvelle Expression en kiosque vendredi 26 février 2016.
Selon le journal, il se pose également un problème criard d’approvisionnement en eau potable. Des quartiers passent des mois sans eaux à Douala et à Yaoundé. On voit tous les jours des camions de sapeurs-pompiers livrés de l’eau dans les quartiers. Une situation qui laisse penser qu’on n’est pas loin d’une autre crise sociale.
Sur le plan politique, on est au bord de l’implosion avec des appels à candidature qui se multiplient dans les différentes régions invitant le président Paul Biya à se représenter aux élections présidentielles de 2018. «Le spectre de la modification de la constitution et de l’organisation anticipée des élections présidentielles plane. Le tout dans une ambiance d’insécurité parfumée par la lutte contre Boko Haram dans la région de l’Extrême-Nord», lit-on.
Sommes si éloignés de causes des évènements de février 2008 ? Non, affirme le journal. En plus, «des stigmates de cette crise sociale sont encore perceptibles. Plusieurs prisonniers de cette crise sociale comme Paul Eric Kingue bien que libre aujourd’hui, ont toujours des démêlés avec la justice. Ce dernier paie les frais de ce mouvement», lit-on. Les mêmes causes continuent d’être visible, mais la conscience collective elle, en a pris de la graine. Onana N. Aaron