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Communiqué SNJC: Des journalistes face au rouleau compresseur du régime de Yaoundé

1996 XCommunique240715610.pagespeed.ic.TMmL6AQEej Photo utilisée juste à titre d'illustration

Sun, 13 Dec 2015 Source: carmer.be

Douala le 8 décembre 2015 – Le Syndicat National des journalistes du Cameroun (SNJC) s’était satisfait en février dernier de ce que le juge d’instruction du Tribunal militaire de Yaoundé (TMY), Mme Aline Mbia, Epouse Happy, ait signé les 30 janvier et 6 févier 2015 l’ordonnance de main levée d’office de la surveillance judiciaire dont faisaient l’objet depuis le 28 octobre 2014 nos camarades et confrères : Félix Ebolé Bola (Mutations), Rodrigue Tongue (passé du quotidien Le Messager à Canal 2 International) et Baba Wamé (Président de l’Association des cyber journalistes) pour «non dénonciation». Plus précisément, pour n’avoir pas, en «temps de paix», «averti les autorités militaires, administratives ou judiciaires de toute activité de nature à nuire à la défense nationale».

Le rouleau compresseur vient d’être remis en marche le 4 décembre 2015 à travers la notification aux confrères concernés, d’une ordonnance de non lieu partiel à eux décernée par le juge d’instruction du TMY, le capitaine Bernard Tsuite. Ce dernier, a estimé «suffisamment établies» en leur encontre «les charges pour non dénonciation». Il ordonne en conséquence leur renvoi devant le TMY statuant en matière criminelle. Autrement dit, nos confrères devront comparaître avec le risque d’être condamnés à des peines privatives de libertés. Une notification reçue après avoir passé 5 heures debout, dans un couloir à attendre l’arrivée du juge d’instruction qui les avait pourtant convoqués à 8h.

Selon le témoignage de nos camarades et confrères, le capitaine Bernard Tsuite a d’abord pris le soin de les préparer à recevoir son verdict. Non, sans tenter de leur faire croire que, seule cette issue, les éviterait «la justice populaire» !

L’ordonnance de renvoi indique qu’il est reproché à chacun des trois journalistes, «courant juillet-août 2014, en tout cas dans le temps légal des poursuites, en temps de paix, [de] n’avoir pas averti les autorités militaires, administratives ou judiciaires de toute activité de nature à nuire à la défense nationale. Faits prévus et réprimés par les articles 74 et 107 du Code pénal».

Il faut rappeler que ce revirement arrive après qu’une ordonnance de main levée d’office d’une surveillance judiciaire leur avait été décernée en mi-janvier 2015 par la juge Aline Mbia épouse Happy, au terme de 3 mois de restriction des libertés. Dans ses attendus, cette magistrate courageuse confirmait leur «sens de civisme avancé», saluait «un zèle de citoyenneté très poussé, respectueux [qu’ils ont] des institutions de la République du Cameroun et partant des autorités judiciaires».

La magistrate avait aussitôt été affectée comme Commissaire du gouvernement près le Tribunal militaire d’Ebolowa (dans la région du Sud). Ce qui conforte nos craintes sur la

détermination des commanditaires de cette procédure judiciaire à envoyer nos trois confrères en prison. Cela est d’autant plus vrai que son successeur, le Magistrat Bernard Tsuite, en mission commandée, a immédiatement repris à zéro l’instruction close par Mme Aline Mbia épouse Happy. Au début de sa manœuvre, il prétextait convoquer les journalistes pour s’«assurer» qu’ils n’ont pas quitté le Cameroun. Par la suite, c’est à un interrogatoire de près de 6 heures qu’il va soumettre nos camarades et confrères qui y étaient allés pour faire acte de présence. Le magistrat militaire s’était alors montré obtus, non seulement en s’opposant au recadrage des conseils de la défense, et reformulait en outre la même question en boucle.

Le SNJC demande avec insistance que ce procès à la « Kafka » prenne fin. Le gouvernement camerounais, contrairement à ses habitudes, ne s’est jamais prononcé sur ce dossier. Lui, pour qui, il aurait suffi du moindre indice de suspicion pour jeter les trois journalistes à la vindicte populaire et en prison.

Il ne fait plus de doute que cette décision de non lieu partiel et ensuite de renvoi devant le juge de sièges, vient balayer d’un revers de la main tous les arguments développés par les inculpés pendant la phase d’instruction, à savoir :

- que les mises en cause en tant que journalistes sont tenus par la protection de leurs sources ;

- Ils ne sauraient être des supplétifs des services de renseignement ;

- qu’ils n’ont jamais eu vent de quelque «activité de nature à nuire à la défense nationale» ;

Bien plus, nos confrères affirment, qu’ayant appris qu’un rebelle centrafricain négociait avec le régime de Yaoundé, en vue d’obtenir une exfiltration vers l’Afrique du Sud en contrepartie du désarmement de sa bande armée qui aurait commis des exactions contre des civils à l’Est du Cameroun, ils avaient adressé une demande d’information au patron de la police qui n’y a jamais donné suite.

Ils disent avoir conclu cette phase additive de l’instruction en affirmant ceci : «Nous croyons avoir été professionnels et patriotes.»

Le Syndicat National des Journalistes du Cameroun, tout en saluant le courage et la résistance de nos camarades et confères :

- condamne cet acharnement injustifié; appelle les militaires et le gouvernement à arrêter cette procédure qui viole les règles d’éthique et de déontologie de l’exercice de la profession de journaliste ;

- Que le gouvernement et sa machine de répression cessent de considérer les journalistes comme des agents de renseignement ou des auxiliaires de la police, en charge de collecter et de leur rapporter des informations sur de prétendues «activités de nature à nuire à la défense nationale» ;

- Que cesse ce régime de terreur qui, manifestement, vise à amener les journalistes en général et les journalistes des médias privés en particulier, à violer le sacro-saint principe de l’indépendance du journaliste.

- Enfin, que les trois journalistes ainsi inculpés soient rétablis dans leur honneur bafoué depuis le début de cette affaire.

Le SNJC, tout en restant solidaire pour la lutte contre le terrorisme en général et contre toute menace à l’intégrité de notre territoire national, condamne les entraves récurrentes à la liberté de la presse et appelle tous les journalistes à assister massivement à toutes les audiences en rapport avec cette scabreuse affaire et à se tenir prêts à suivre le mot d’ordre qui leur sera donné en temps opportun.

Pour le Bureau exécutif du National

Le Président Le Secrétaire Général Le Secrétaire National à la Communication

A propos du SNJC

Le Syndicat national des journalistes du Cameroun (SNJC) est une organisation professionnelle de défense des droits moraux, matériels et professionnels des travailleurs des médias au Cameroun. Il compte à ce jour, plus de 500 membres

A ce titre, il milite pour la liberté d’expression, l’indépendance des médias et la responsabilité du journaliste. Il est membre de nombre d’organisations nationales, internationales, régionales et sous régionales ayant le même objectif.

Organisation apolitique, créée en 2002 et agréée par le Ministère du travail et de la sécurité sociale en 2003 ; le SNJC se réserve le droit de donner, en tout temps et en tout lieu, l’opinion de ses membres sur toutes les questions publiques pouvant impacter le fonctionnement des médias en général, la vie des journalistes et travailleurs des médias en particulier, aussi bien au Cameroun, en Afrique que dans le monde. Ses moyens d’action sont le dialogue, la négociation, les manifestations publiques et toute autre activité de mobilisation pacifique et démocratique.

Source: carmer.be