Autoroute de Kribi-Lolabe: 440 familles jetées à la rue

Autoroute Kribi  Lolabe1 L’autoroute Kribi-Lolabe, charrie des frustrations au sein des communautés riveraines

Tue, 14 Aug 2018 Source: koaci.com

L’autoroute Kribi-Lolabe, charrie des frustrations au sein des communautés riveraines.

Les populations des 13 villages qui longent sur 40 km, la principale desserte du nouveau Port en eau profonde de Kribi, sont invitées à déguerpir et à trouver des sites de recasement alors que les indemnisations sont inadaptées à l’inflation des prix sur le marché.

Dans les 13 villages parcourus de Ndumale à Elabe, en passant par Mboro, Lolabe, Lende-Ndibe, Mabena-Nga, Edunga-Ngomo, Dibune, Luma, Mbeka, Ebome, Lendi, Pangou, où plus de 440 familles ont été expropriées pour le passage de l’autoroute, les récriminations des populations sont les mêmes.

Ces populations reprochent au gouvernement, des indemnisations au rabais et le non-paiement de leurs cultures détruites pour le chantier de l’autoroute. « C’est très grave ce que nous vivons. Nous serons indemnisés à hauteur de 750 FCFA le mètre carré. Avec une telle somme on va acheter le terrain où pour se recaser, surtout que L’Etat n’a pas prévu de site de recasement », s’inquiète Bikouo Henri le chef de village et représentant des populations de Ndumale.

Tracé modifié plusieurs fois

Les indemnisations ne sont pas la seule pomme de discorde, « le vrai problème c’est l’arrêté ministériel signé le 25 mars 2013. Cet arrêté n’avait pas de précision sur le tracé qui a été modifié 3 fois. L’étude d’impact environnemental a eu lieu trois mois après l’arrêté ministériel qui ne précisait pas où passera l’autoroute mais qui signalait aux populations qu’il passera en forêt et pas dans les villages. La matérialisation s’est faite en décembre 2015 par les chinois », explique le jeune chef du village.

LIRE AUSSI: Adamaoua: ce que les jeunes attendent de Cabral Libii

« À la fin, nous avons constaté qu’ils ont esquivé les palmeraies de la Socapalm pour détruire nos villages. Pour eux, la vie humaine est moins importante que le palmier », ajoute Henri Bikouo.

Chez les Bidjounga, une famille d’une centaine de membres, le désarroi est à son comble, « nous ne pouvons pas nous opposer aux projets qui visent le développement de notre pays. Mais que l’on tienne compte de nos cultures et mises en valeur. J’avais 2 hectares de plantain, maïs, manioc, dont ils n’ont pas tenu compte, mon nom ne figure pas sur la liste des indemnisations », se plaint Ndongo Kouo Simon.

Madame Benanga est également désemparée. Tout comme Nguiamba Landry Sax, qui indique qu’aucun terrain en cours d’immobilisation n’a été indemnisé.

Mercuriale

Du côté de l’administration, l’on dit avoir appliqué à la lettre la circulaire 001 du 22 mars 1994 qui fixe les prix de vente à minima des terrains domaniaux, « il y a un texte qui fixe les prix des ventes des terrains domaniaux. Pour le cas de l’Océan, c’est 750 FCFA le mètre carré », explique-t-on au service des affaires juridiques et politiques de la préfecture de l’Océan.

Les autorités dénoncent des réclamations fantaisistes et des procédures antidatées, « dans le cas des indemnisations au Port de Kribi, la commission a payé les cultures par compassion. Nous avons eu pitié des gens. Par exemple, pour une vieille case où il fallait payer 100, 150 mille FCFA, nous en avons donné plus par ce qu’on pensait au social. Nous avons également payé les cultures. Plus tard plusieurs membres de la commission ont été interpellés et sont en prison pour détournement, cette fois, nous appliquons les textes », explique une responsable de la préfecture qui a fortement requis l’anonymat.

Pour sa part, le préfet s’est félicité du calme observé par les populations, « tous ceux dont les noms figurent sur les listes seront indemnisés. Nous allons examiner les requêtes », martèle Antoine Bissaga.

Cultures

Nkoumou Jean Alfred délégué d’arrondissement pour l’agriculture de Kribi et son collègue de la Lekoundje, font savoir que les cultures ne sont pas prises en compte dans le cadre des indemnisations de l’autoroute Kribi-Lolabe, « il s’agit des plantations villageoises. C’est-à-dire que les graines sont tombées parfois du bec d’un oiseau ou transportées par le vent et ont germé. Ces plantations on ne peut pas les payer, puisqu’elles ne sont pas entretenues », expliquent les deux techniciens.

Les services d’agriculture disent avoir donné du temps aux riverains, « avant de lancer les travaux, nous leur avons demandé de récolter leurs cultures ». En attendant de voir comment le gouvernement va résoudre cette crise, les populations sont sommées de déguerpir dès le paiement des indemnisations.

Source: koaci.com