Contrebande : le 'zouazoua' carbure à Douala

Il est de plus en plus vendu dans la capitale économique

Sat, 23 Oct 2021 Source: Mutations

Ce carburant frelaté, dont la commercialisation est pourtant interdite, est de plus en plus vendu dans la capitale économique.

Assise derrière sa table de fortune, un entonnoir à la main, Nadine (nom d’emprunt) attend ses clients. Sur sa table, sont entreposées des bouteilles plastiques d’un litre et d’un litre et demi, contenant du carburant frelaté, communément appelé « zouazoua».

À même le sol, sont posées à ses côtés deux bonbonnes de 10 litres chacune, contenant le liquide inflammable. Les clients, pour la plupart des conducteurs de moto-taxis, ne se font pas prier pour venir consommer ce carburant qui n’est pourtant pas de très bonne qualité. Quelques minutes après qu’elle a installé sa marchandise, un conducteur de moto arrive, achète deux litres de « zouazoua », démarre et s’en va.

Il est 10h, ce 19 octobre 2021. À l’instar de ce point de vente de carburant frelaté situé sur la pénétrante est de Douala, de nombreux autres vendeurs de ce liquide s’y sont installés. On ne dénombre pas moins de six points de vente de part et d’autre de la chaussée, entre le lieu-dit Elf village et Entrée-Bille. Une distance d’environ 3km.

Le phénomène est nouveau. Il date de moins d’un an et prend de plus en plus de l’ampleur. David (nom d’emprunt), chauffeur taxi, en a fait sa deuxième activité. Propriétaire de deux points de vente de zouazoua, cette activité dangereuse est tenue par ses enfants les week-ends et les jours de classe, selon qu’ils ont cours le matin ou le soir.

Le chauffeur de taxi, la soixantaine sonnée, reste peu disert sur le sujet. « Le zouazoua vient du Sud-Ouest. Nos livreurs s’approvisionneraient au Nigéria voisin », dira-t-il, sans plus. L’activité est visiblement lucrative. Des indiscrétions font état de ce que ces vendeurs de carburant frelaté vendraient en moyenne 50 litres par jour chacun. Élément motivateur des consommateurs, son prix, légèrement plus bas que le carburant normal.

Le Super est vendu 630 Fcfa dans les stations-services. Il coûte 100 5 Fcfa moins cher chez ces vendeurs. « Il y a une différence ? de 10OFcfa avec le carburant qu’on consomme à la station. “ Ce sont ces 100 Fcfa de moins par litre que l’on suit. On sait que ce n’est pas un bon carburant, mais on prend le risque », note Mérimé, conducteur de moto-taxi. Ce dernier i reconnaît qu’à plusieurs reprises, après avoir consommé ce carburant, sa moto, par moments avait du mal à démarrer.

Toute chose qui ne le décourage pourtant pas. «C’est la chance. Quand tu achètes ton zouazoua à un ressortissant des régions anglophones, il est généralement.de bonne qualité. Mais quand tu l’achètes chez un “non-anglophone”, il y a de fortes chances que ce soit mélangé à de l’eau. Et bonjour les problèmes avec la moto », note-t-il.

Et ce n’est pas le seul dommage que représente ce carburant pour les engins. «Quand je consomme du zouazoua, je fais la vidange de mon moteur chaque semaine. Pourtant, quand c’est le vrai carburant, je peux le faire une fois par mois », explique un autre “benskinneur”. Des dépenses supplémentaires qui ne le découragent pourtant pas.

Ce carburant frelaté est vendu au vu et au su de tous sur plusieurs axes de la capitale économique. Il est également vendu au lieu-dit «Danger », à Ndogpassi 2, au lieu-dit «Jardin » et sur l’axe qui mène à Ndokoti, au lieu-dit «Syncatex».

Source: Mutations