Les populations du Carrefour Agip jusqu’à « Trois morts » sont contraintes depuis plus de trois semaines à quitter leurs domiciles. D’ailleurs, environ 200 maisons viennent d’être détruites. Mercredi le 30 septembre 2015, les lieux étaient quasi déserts.
Ce MercreDI le 30 septembre 2015, il est 12h10min lorsque nous effectuions une descente au carrefour Agip où se trouve la société camerounaise des dépôts pétroliers (scdp). le long de la route qui va dudit carrefour jusqu’au lieu dit :
«Trois morts», laisse paraître une atmosphère plutôt bruyante : klaxons des mototaxis, des engins à quatre roues, cris des commerçants qui vendent des vêtements à vil prix sur les trottoirs, des gros porteurs qui viennent s’approvisionner dans les locaux de la scdp, des menuisiers puis call-boxeurs très concentrés à leurs tâches quotidiennes.
Au milieu de ce vacarme, difficile de savoir que les casses ont eu lieu voilà plus de trois semaines. toutefois, nous poursuivons notre marche, et c’est alors qu’au bout d’une quinzaine de minutes, nous apercevons quatre immeubles construits en matériaux définitifs.
De prime à bord, on minimise les dégâts. « il ne s’agit que de quatre bâtisses cassées ? et on en fait tout un problème ? » telles sont les interrogations qui nous taraudent l’esprit. Nous posons la question à des menuisiers en plein ouvrage aux abords de la route.
«Madame, il faut entrer plus en profondeur dans le quartier. ici, nous ne sommes qu’à la face principale du quartier Trois morts qui regarde l’axe routier, mais derrière, vous trouverez une réponse à vos questions», avancent nos interlocuteurs qui en profitent pour nous indiquer du doigt les petits couloirs à emprunter afin d’arriver à l’arrière (les profondeurs mêmes du quartier trois morts) qui est située exactement en face de l’entrée principale menant à la Direction générale de la scdp.
A mesure que nous avançons à petits pas, c’est un autre spectacle qui s’offre à nous. Des bars démolis, des maisons à plusieurs étages qui ont subi les affres des caterpillar, des planches à terre, des ustensiles de cuisine de part et d’autre, des ruisseaux qui coulent et déversent leurs eaux qui terminent leur course sur la chaussée, des mobiliers abandonnés ici et là et ayant perdu leur splendeur d’antan.
Ce n’est plus quatre bâtisses comme nous pensions au départ, mais 10, 20 50, 100 et environ 200 tel que le soutiennent quelques habitants concernés qui errent encore sur les lieux. D’aucuns continuent de loger dans un mini espace de leurs maisons tantôt réduites de moitié, tantôt aux deux tiers. « Je ne sais pas où aller. Dieu merci, bien que ma demeure ait été détruite, tout n’a pas été réduit en poussière.
J’ai pu confectionner un petit espace où je m’abrite mieux je me refugie en attendant », lance un riverain. Plus loin, un autre, assis sur sa moto, le regard perdu à l’horizon et qui sursaute dès notre interpellation, affirme : « la majorité des populations concernées a quitté les lieux. Nous sommes les derniers. Nous sommes dépassés parce que les casses interviennent en saison des pluies et en période de reprise des cours.
Je suis de ceux qui n’ont pas encore payé la scolarité de ses enfants et qui fait face à un problème plus grave lié à la quête d’un logement dans l’urgence ». Des témoignages du genre, nous en avons entendus durant les quelques heures passées sur les lieux. Victimes de leurs propres turpitudes
Des informations collectées sur les lieux révèlent que l’initiateur des casses n’est autre que la Société camerounaise des dépôts pétroliers qui a longtemps informé les populations de ses projets. Il est question pour ladite entreprise de sécuriser des dépôts pétroliers et surtout mettre à l’abri les habitants, mieux de protéger la vie des riverains.
« Nous sommes conscients que nous étions en danger, nous qui vivions aux alentours de la Scdp. A ce propos, notons que dernièrement il y a eu au moins trois incendies répétitifs et rapprochés dont deux ont fait des morts. Ce qui était quasiment rare jadis.
Nous avons été prévenus fort longtemps qu’il fallait plier bagages », avouent des habitants concernés qui renchérissent : « les incendies survenus étaient dus à l’entreposage dans des domiciles de produits hydrocarbures issus de la contrefaçon avec les transporteurs et personnels de la Scdp ».
Des accidents qui n’auraient pas dû se produire si les autorités avaient fait leur travail plus tôt et si les populations installées sur les emprises de la Scdp avaient alors tôt fait de quitter les lieux. Dorénavant, c’est chose faite même si des voix s’élèvent pour décrier le processus de recensement et de dédommagement des habitants concernés.