Drame de Gouache : les misères des rescapés

Ils vivent un indescriptible calvaire

Wed, 3 Nov 2021 Source: La Nouvelle Expression

Le site sur lequel ils ont été recasés n’est ni connecté au réseau électrique, ni approvisionné en eau potable. Ils vivent un indescriptible calvaire.

Entré l’entrée chefferie et le palais royal Bamougoum, des maisons poussent de façon groupée, sur un site domanial isolé à droite. Il s’agit en effet, du site de recasement des sinistrés de la catastrophe survenue à Gouache dans l’Arrondissement de Bafoussam 3ème, dans la nuit 28 au 29 octobre 2019 et qui avait ôté la vie à 43 personnes.

Plus l’on s’approche de ce site, plus l’on palpe la dure réalité du quotidien tourmenté des personnes qui y vivent. Leurs misères transparaissent d’emblée sur la qualité de leurs habitations.-Pour la plupart, elles sont construites en terre battue et dont certaines, bricolées, présentent déjà des fissures. Aussitôt qu’elles ont une toiture, leurs propriétaires se précipitent à y aménager.

Sans se soucier du reste. Le revêtement du sol, le crépissage des murs, la pose des plafonds, la peinture…sont le cadet de leurs préoccupations. «J’ai vécu ici chez moi plusieurs mois sans portes, ni fenêtres. Ce n’est que récemment que nous avons pu mettre la porte principale», relate Evelyne, l’air abattue. Dans la maison où elle vit avec son mari et leurs enfants, des morceaux d’étoffe servent à couvrir les fenêtres, et les contrevents couvrent les autres portes.

«Nous étions obligés de faire comme ça parce que nous n’avons pas les moyens pour supporter la location», explique cette quadragénaire. Sa maison est à l’image de l’ultra majorité de celles bâties au lieu-dit ” camp sinistré”. Bien évidemment, au milieu de ces habitats précaires, quelques privilégiés ont pu se bâtir des maisons en parpaings qui contrastent avec le reste. Au-delà de cette petite différence, les habitants de ce camp ont en commun, plusieurs choses.

L’absence de l’électricité, l’absence des points d’adduction en eau, l’absence des écoles à proximité. «Nous vivons ici dans le noir. Parce qu’il n’a pas d’électricité», décrit Hélène qui s’offusque du fait que ses enfants ne puissent pas étudier leurs leçons dans des bonnes conditions. «Nous utilisons encore les lampes tempêtes comme à l’époque. C’est avec ça que nos enfants étudient leurs leçons. Pour moudre du maïs ou du manioc pour nous alimenter, nous allons soit à Kena ou à “l’ancien Marché”, (localités situées à environ 4 kilomètres).

Après avoir fait de longues distances pour aller à l’école, il arrive souvent que les enfants se plaignent de la fatigue», révèle-t-elle.

Les misères de ces rescapés de la catastrophe de Gouache ne se limitent pas là. L’autre problème crucial auquel ils sont confrontés, c’est l’absence des points d’adduction en eau potable. «Le réseau Camwater n’arrive pas ici. Et pour avoir de l’eau potable, nous devons aller à Kena», confie Evelyne en pointant un des enfants de son voisin âgé de 12 ans, devenu handicapé après avoir violemment été heurté par un véhicule quand il allait chercher de l’eau potable.

«Parfois quand nous n’avons pas d’argent pour aller à Kena, nous approvisionnons dans le marécage qu’il y a en contrebas de ma maison», précise-t-elle. Sauf que l’état de la rivière dont elle fait allusion, laisse à désirer. Envahie de rouille, cette eau affiche une couleur blanchâtre qui dévoile à l’œil nu, son caractère impropre à la consommation.

Les difficiles conditions de vie ces sinistrés viennent s’ajouter au choc psychologique qu’ils continuent de subir pour avoir vu il y a deux ans, plusieurs de leurs voisins, amis et proches, brusquement quitter le monde des vivants, après un éboulement de terrain, le plus mortel que la Région de l’Ouest n’ait connu.

Source: La Nouvelle Expression