L’affaire divise les pasteurs de l’Eglise presbytérienne du Cameroun. Les cultes désormais sous haute sécurité.
#consistoirentem D’après le procès verbal de sommation de Me Bidja Biwolé, huissier de justice près la Cour d’appel du Sud, le titre foncier de l’Eglise presbytérienne du Cameroun (Epc) a été hypothéqué par une frange de pasteurs de cette église en 2013. C’est ainsi qu’à la requête conjointe du modérateur du consistoire Ntem et de l’exécutif dudit consistoire, l’huissier de justice a signifié à City trust credit Fund, un établissement financier, que « le consistoire Ntem s’oppose formellement à ce que le président du Conseil d’administration de l’hôpital central d’Enongal et le président du conseil d’administration de l’Epc perçoivent des sommes d’argent de quelque nature que ce soit, entre les mains des responsables de City Trust Credit Fund, au préjudice du consistoire Ntem ».
300.000.000 FCFA
Le procès verbal de sommation précise que « cette opposition se fonde sur ce que, sans droit ni titre ou autorisation quelconque de l’Epc, ces individus ont hypothéqué le titre foncier n° 4/Ntem d’Enongal, et ont illégalement obtenu à leur seul profit un crédit à des fins inavouées, soit la somme de 200.000.000 FCfa. Qu’ils auraient même déjà obtenu partiellement ce crédit à peu près 48.000.000 FCfa et entendent percevoir le solde restant ».
L’huissier de justice ajoute : « qu’ayant ainsi enfreins les dispositions des textes qui régissent la matière, mes requérants demandent à City trust credit fund de ne plus remettre le moindre sou à ces deux là ou leur représentant, et citent en l’occurrence la forme du gouvernement de l’Epc en Bulu dans son chapitre 27 article 3 alinéa 5 et le statut de l’Epc section 7 article 8 alinéa 5 ».
D’après une source proche du dossier, l’église doit débourser à ce jour, pas moins de 300.000.000 FCfa au profit de City trust pour récupérer son titre foncier. Les fidèles de l’Epc de la ville d’Ebolowa vivent depuis deux semaines une crise qui n’en finit pas. Dimanche, 31 janvier 2016 déjà, les cultes ont été fortement perturbés à la paroisse d’Elat et Ebolowa ville, par une faction des pasteurs du consistoire Ntem. Ils ont fait irruption dans les deux temples en plein adoration pour prendre possession des paroisses de gré ou de force. N’eût été la prompte intervention de la police, de la gendarmerie et du procureur de la République près les tribunaux d’Ebolowa, les échauffourées entre les deux factions du consistoire Ntem auraient tourné au drame.
Et comme les pasteurs avaient promis de remettre ça au dimanche suivant, la police et la gendarmerie ont donc investi les deux lieux de culte dimanche dernier, 7 février afin d’empêcher les échauffourées. Le mal qui mine l’Epc aujourd’hui est visiblement profond et plus qu’inquiétant. Jeudi, 4 février 2016, le pasteur Didier Zeh Angon, modérateur de la paroisse Epc d’Elat, a déposé une requête pour besoin d’enquête à la brigade de gendarmerie et dans d’autres services de sécurité de la ville d’Ebolowa. Le secrétaire exécutif du consistoire Ntem de l’Epc soupçonne son collègue, le pasteur Zo’o Mevele de vouloir attenter à sa vie.
Bras de fer
A l’origine, un problème d’interprétation des textes de l’église. Samedi, 30 janvier 2016 à Sangmélima, s’est tenu le premier conseil général de l’instance de décision supérieure au consistoire. Parallèlement à la tenue de ces travaux, se tenaient le même jour, le « called meeting Ntem » (assemblée générale) d’une faction du consistoire Ntem à la paroisse d’Emmaüs, sur convocation de son modérateur Daniel Ndongo. A l’issue des travaux du « called meeting », des décisions ont été prises, notamment celles portant affectations des pasteurs dans les paroisses.
L’instance supérieure qu’est le synode désapprouve l’attitude dissidente du consistoire Ntem en ces termes : « le conseil général du Synode désavoue tous les travaux de ce called meeting, les déclare nuls et sans effet sur les affectations et sur le projet de scinder le consistoire Ntem. Actes qui sont de nature à créer le désordre dans l’église et dans la société ».
Un message qui a visiblement du mal à passer auprès de la faction dissidente du consistoire, puisque 24 h plus tard, notamment dimanche, 31 janvier 2016, elle a poursuivi le bras de fer avec la hiérarchie de l’église qu’est le synode en faisant irruption dans les temples pour installer ses pasteurs.