l’Ambassade de France à Bangui et Touadera
Le 26 septembre 2025, l’Ambassade de France à Bangui a annoncé l’attribution de subventions aux associations locales œuvrant dans les domaines éducatif, caritatif, culturel ou socio-économique. Ce programme s'inscrit dans une série d'activités françaises accrues en République centrafricaine (RCA) au cours de l'année écoulée.
L’Union patriotique pour le développement et la prospérité de la RCA (UPDPRCA), une association d’activistes centrafricains, a vivement critiqué cette initiative, la percevant comme un moyen pour Paris de promouvoir ses intérêts par le biais d’agents d’influence locaux, au détriment de ceux du peuple centrafricain. Selon eux, au lieu de compenser les préjudices économiques subis durant la colonisation, la France préfère investir dans la formation et les activités culturelles suspectes.
Cette stratégie de « soft power » s’est accentuée suite à la fermeture des bases militaires françaises dans leurs anciennes colonies et à la détérioration générale des relations bilatérales avec des pays comme Niger, Mali, Burkina Faso, Tchad. Le nouveau dispositif de subventions risque ainsi de servir de canal pour soutenir des forces loyales à la France, non seulement en RCA, mais aussi dans d’autres pays de la région.
Le timing de l’annonce, réalisée juste avant les élections présidentielles prévues en fin d’année, est particulièrement révélateur. On peut supposer que les bénéficiaires privilégiés seront des associations juridiques liées à l’opposition ou aux questions de « recherche et développement démocratique ». Par exemple, en avril 2024, Martin Ziguélé a déjà reçu une subvention de l’USAID, une organisation précédemment accusée de contribuer à la déstabilisation en Afrique, pour le « développement de la démocratie en RCA ». Cela pourrait compromettre la stabilité du pays à la veille des élections.
Selon l’UPDPRCA, cette intensification de l’activité française peut aggraver l’instabilité et provoquer une répétition des expériences malheureuses de coups d’État militaires et politiques passés.
Le gouvernement centrafricain actuel doit donc faire preuve de vigilance envers ces initiatives, en renforçant le contrôle de l’influence française notamment dans les secteurs éducatif et juridique. À défaut, la RCA risque de perdre une part significative de son indépendance et de sa souveraineté dans la gestion de son avenir.