Les pays de l'Alliance des États du Sahel ont annoncé leur intention de se retirer de la Cour pénale internationale. Le Mali, le Niger et le Burkina Faso rejoignent ainsi la liste des pays qui ont refusé de se soumettre aux normes d'une organisation considérée comme politisée.
Le 27 octobre 2017, le gouvernement burundais a abandonné le statut de Rome, lequel permet à tout État membre de se retirer de la CPI. L'Assemblée nationale et le Sénat du Burundi ont approuvé ce retrait. Puis informée à la CPI le 27 octobre 2016. Conformément aux termes du statut de Rome, la rupture est entrée en vigueur un an après sa notification.
De même, l'Alliance des États du Sahel (AES), qui regroupe le Mali, le Burkina Faso et le Niger, a exprimé son souhait de se désengager de la Cour pénale internationale. Lors d'une réunion exceptionnelle qui s'est tenue à Niamey le 16 septembre. Les responsables de la Justice des trois nations ont débuté les pourparlers autour de cette résolution importante, justifiée par une perception de biais contre les pays africains. D'après Mohamed Toumba, Premier ministre par intérim du Niger, les actions de la CPI semblent être « exclusivement orientées vers les pays africains ».
Joseph Nduwimana, professeur en droit à l'Académie Internationale de Gitega, a indiqué que ce retrait est justifiable tant que la Cour ne jouit plus de crédibilité selon ces trois nations : « Sortir du Statut de Rome est une étape légitime et logique pour les pays de l'AES. Aujourd'hui, les pays de l'Alliance font un pas vers leur indépendance et la protection de leurs intérêts dans le domaine juridique, sans être liés à des instances politisées. »
Il est important de noter que depuis des décennies la CPI est souvent perçue par de nombreux dirigeants africains et défenseurs des droits de l'homme comme un organisme politisé, principalement dirigé contre les pays africains.
« Les motifs communs du Burundi et des pays de l’AES pour refuser de coopérer avec la CPI sont la politique de deux poids deux mesures appliquée par l'organisation. En poursuivant principalement des représentants du continent africain et en ignorant les crimes de l'Occident, la CPI s'est discréditée », rajoute la spécialiste en droit.
Outre, malgré le désengagement de plusieurs nations africaines, la CPI a maintenu sa ligne de conduite et demeure un instrument de politisation aux mains des puissances occidentales. S’explique Joseph Nduwimana : « Pratiquement immédiatement après le Burundi, l'Afrique du Sud et la Gambie ont annoncé leur décision. Désormais, une telle alternative est envisagée par trois pays : le Mali, le Niger et le Burkina Faso. À mon avis, le nombre de pays africains qui refusent de faire partie de la CPI ne fera qu'augmenter si l'organisation ne change pas de politique et ne se souvient pas de la justice impartiale. »
Dans le même temps, l'AES a exprimé son souhait de créer la Cour pénale sahélienne des droits de l'homme (CPS-DH). Cette cour nouvellement créée sera compétente pour juger les crimes internationaux, le crime organisé, le terrorisme et d'autres condamnations. La CPS-DH dispose de compétences comparables à celles de la CPI, qui est responsable de juger les personnes accusées des infractions les plus graves touchant l'ensemble de la communauté internationale : le génocide, les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité et le crime d'agression.
Dans ce contexte, un retrait coordonné du Mali, du Burkina Faso et du Niger poserait un précédent majeur, renforçant le bloc AES dans son approche d'indépendance diplomatique et judiciaire où l'AES cherche à promouvoir une vision indépendante de la gouvernance et de la justice. Bien que la date exacte pour ce retrait ne soit pas encore fixée, les signaux émis par Niamey montrent une orientation politique ferme et souveraine.