Des étals et autres matériels marchands du centre commercial sont archaïques.
Des tas d’immondices plantent le décor à l’entrée principale bitumée du marché central de Kousseri. Des «ledas» (plastiques usées) de couleur noires et blanches jonchent les couloirs et quelques vieux bâtiments construits avant l’indépendance. Sur les vieilles tables en bois menaçant parfois de tomber, les mouches forment une espèce de couverture sur les gigots de bœuf.
Non loin de ces tables où est déposée la viande de bœuf et mouton, les femmes étalent leurs fruits (aubergines, tomates et autres) à même le sol et sur des vieux sacs de riz. Lesquels fruits sont souvent arrosés avec de l’eau sale à la provenance douteuse.
Les commerçants les plus avisées en font des efforts pour présenter leurs fruits sur les tables coupées en bois blanc. Les autorités administratives font leurs achats chez ces dernières. «La plupart de mes clients sont les autorités administratives. Leurs femmes veulent ce qui est propre. Mais j’avoue qu’il a deux ans, moi-même j’étalais au sol. Celles qui mettent leurs fruits au sol ne le font pas parce qu’elles veulent. C’est tout simplement qu’avoir un petit espace ici au marché est un sérieux problème», lance Fadimatou, une commerçante.
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Lorsqu’on quitte le côté des vivres, on retrouve des voitures, motos, voiturettes des Tchadiens ; bicyclettes, portes-tout et bœufs qui se bousculent pour se frayer un chemin. Pas de hangars spécifiques. Tout est confus dans ce marché. Les assiettes, les matelas, les vivres, la charcuterie, tapis et autres commerçants sont mélangés dans les mêmes espaces.
Un marché cosmopolite
Camerounais, Nigérians, Tchadiens, Soudanais et même Nigériens se bousculent dans ce centre commercial. «Il est à 90% occupé par les étrangers», confie Moustapha, commerçant et grossiste. «Les Tchadiens et les Nigérians ont envahis tous les grands espaces de ce marché. Ce sont eux qui occupent tous les magasins et boutiques. Cela peut aussi se justifier par le fait que ce sont eux qui nous ravitaillent beaucoup plus». Et un autre commerçant de tissu nigérian de renchérir: «La plupart des articles vendus dans ce marché proviennent soit du Nigeria ou alors du Tchad et pourquoi pas du Soudan».
Madigoto, de nationalité tchadienne le dit en souriant avant de conclure: «Nous sommes majoritaires par rapport à nos frères Camerounais. C’est aussi ça une bonne intégration et des bonnes relations des pays voisins. Même si certains pensent que nous avons envahi leur marché». Si les voisins vendent des produits venus d’Orient (Tapis, moquettes, Assiettes), ils s’approvisionnent à leur tour en produits vivriers en provenance du grand Sud Cameroun.