C’était lors des travaux de la session du conseil consacrée à l’examen et à l’adoption des comptes administratif et de gestion.
Ce qui se murmurait jusqu’ici dans les coulisses de la mairie de la ville de Maroua a tôt fait d’éclater au grand jour ce mercredi, 20 octobre 2021, à la faveur de la session du conseil municipal consacrée à l’examen et à l’adoption des comptes administratif du maire et de gestion de son receveur.
Face aux irrégularités et manquements observés dans les écritures comptables du maire, et de son receveur, une partie des grands conseillers avaient décidé de rejeter les deux comptes. Et la première décision ainsi prise était de renvoyer la session au samedi, 23 octobre au lieu de mercredi, 20. Question pour eux d’y voir plus clair.
Seulement, flairant le danger venir, le maire de la ville s’est débrouillé comme un beau diable pour faire passer son compte. Quitte à forcer la main à certains si l’on s’en tient à des déclarations attribuées au maire de Maroua 1er, Hamadou Hamidou, grand conseiller à la mairie de la ville.
Réagissant à une observation d’Amadou Mahamat, grand conseiller du Fsnc, qui lui reprochait son excès de zèle lors de la session alors qu’il n’avait même pas pris le temps de venir pendant les travaux en commission, l’insaisissable Hamadou
Hamidou ne se fait pas prier pour déclarer ceci : « Je suis ici en tant que représentant de ma population et j’ai le droit de poser des questions sur les zones d’ombres que j’estime nécessaire de clarifier. Si les gens n’ont rien à dire parce qu’ils ont pris 50 000 FCFA pour valider une mascarade, je suis désolé, je ne fonctionne pas comme ça », a-t-il lâché. Propos qui a résonné comme une bombe dans la salle. La tension monte. L’argent a-t-il nuitamment ? L’intervention de l’autorité administrative, le préfet Jean Marc Ekoa Mbarga, a ramené la sérénité.
Que reprochent les grands conseillers au maire, Dr Sali Babani ? Surfacturations, gestion* opaque des ’affaires, absence des pièces justificatives, faible mobilisation des recettes entre autres. Les grands conseillers ont noté par exemple que 90% des fonds alloué au fonctionnement ont été utilisés alors qu’au titre des immobilisations corporelles, sur une prévision de 1 560 720 000 FCFA, seulement 278 469 386 FCFA ont. été dépensés. C’est à se demander si les crédits annulés à hauteur de 1 282 256 614 FCFA signifie qu’il n’y a pas eu d’investissement.
Dans le même registre, les frais de réception et de représentation sont consommés à hauteur de 25 millions, les frais d’annonces légales, des fêtes officielles et des cérémonies également consommées à 100%. Des virements de crédits de l’ordre de 52 000 000 FCFA ont été ajoutés sans avoir été soumis à l’approbation du conseil ; les frais de secrétariat de sessions et de réception des organes délibérants sont chiffrés à 33 000 000 FCFA, plus 4 000 000 non justifiés. Montant jugé excessif au goût de grands conseillers qui exigent d’avoir des clarifications.
Mais la surprise ne s’arrête pas là. Puisque sur 6 600 000 FCFA prévus au titre des indemnités forfaitaires des membres de commissions, le compte administratif indique que 3 300 000 FCFA ont été utilisés alors que les grands conseillers déclarent qu’aucune commission ne s’est tenue en 2020. Pendant ce temps, la CUM s’illustre par une faible mobilisation des recettes.
Seulement. 71 000 000 FCFA mobilisés selon le maire de Maroua 1er, qui ajoute que les seuls droits de place sur le marché peuvent se chiffrer à 60 000 000 FCFA. Boubakari Nouhou, président de séance, non moins président de la commission des finances, a rappelé au magistrat municipal qu’un rapport narratif doit dorénavant accompagner les manquements et les irrégularités observées non sans mettre à la disposition des grands conseillers tous les documents en rapport avec les dépenses.
Pour sa défense, le maire de la ville qui faisait là son baptême de feu dans un conseil municipal avance : l’acceptation tardive de collaboration avec certains acteurs des communes d’arrondissement, l’affectation en plein exercice budgétaire du receveur municipal, la non-maitrise des textes et règlements qui régissent le fonctionnement des CTD par certains. Au finish, il a pris l’engagement de respecter les différentes recommandations formulées à son endroit par les grands conseillers.
De son côté, le préfet Jean Marc Ekoa Mbarga a invité les commerçants de la ville de Maroua à aider la communauté urbaine en payant leurs impôts.
Autant le dire, Dr Sali Babani n’a pas eu d’état de grâce aux yeux de certains grands conseillers.