Maroua: une course hippique a déclenché une violente bagarre

Course Hippique Maroua Le représentant du gouverneur a été évacué de justesse

Thu, 27 Apr 2017 Source: camer.be

La ville, capitale de l’Extrême Nord, devenue par la force des exactions de Boko Haram une ville « Martyr » vient d’enregistrer une rixe entre des jeunes mécontents que seuls les chevaux du Président de l’Association CAM Galop puissent gagner les courses. A l’aide des sièges transformés en armes et projectiles, ils ont semé la zizanie risquant au passage de blesser le représentant du gouverneur évacué de justesse par un élément des forces de l’ordre venu participer à la compétition en tant que propriétaire de chevaux. C’était au stade Lamido Yaya Dairou de Maroua.

D’après plusieurs témoignages, l’association CAM Galop, organisatrice de cette course hippique, est chapeautée par un certain Jean Khouri installé dans la ville de Douala. Certains propriétaires de chevaux ayant refusé de participer à cette course s’insurgent devant l’inertie de l’Autorité administrative de la ville à laisser la situation pourrir car disent-ils « les chevaux qui participent à chaque fois aux courses organisées par CAM Galop appartiennent à son Président ». Au moment où la force multinationale mixte, constituée de quatre pays, est engagée dans une bataille difficile visant la réduction à sa plus simple expression le phénomène de la secte islamique Boko Haram, comment comprendre que des voyous recrutés par l’association CAM Galop viennent anéantir les efforts fournies par cette armée qui aurait pu confondre de théâtre d’opération ? Alors que les mesures austères de sécurité redeviennent progressivement souples à Maroua, le chef-lieu de la région du Nord, l’association CAM Galop s’est attaché les services des personnes sans foi ni loi, qui n’hésitent pas à créer des désordres lors des courses hippiques.

Un remake

D’après des révélations de propriétaires de chevaux, la violente bagarre survenue le 22 Avril 2017 lors de l’organisation d’une course hippique n’est qu’une récidive. Au cours de cette course hippique à laquelle assistait le représentant du gouverneur de la région de l’Extrême-Nord, l’altercation survenue fait suite à l’organisation subjective de cette course, qui donnait l’avantage aux chevaux du président de Cam Galop. C’est suite à cela que des jeunes ont pris d’assaut la tribune d’honneur, en transformant les sièges en objets de bataille ou projectiles face à d’autres.

D’après certains témoignages, cet autre acte d’incivisme fait suite à un autre survenu en 2016 au stade Ahmadou Hayatou de Garoua. Toujours lors de l’organisation d’une course hippique par cette même association, des incidents de moindre envergure avaient eu lieu. Exaspérée, la plus haute autorité de la région du Nord avait pris des mesures conservatoires en suspendant cette association d’activités sur toute l’étendue de sa circonscription. Visiblement n’ayant dépassé la région de l’Extrême Nord, ces incidents rappellent à ce jour, le sacrosaint principe de l’organisation de courses hippiques. Assez bien codifié, une course hippique est le fruit d’association ayant comme membres des propriétaires de chevaux. Dans le cas de l’association CAM Galop, il s’avère que le Secrétaire General de cette association n’en possède aucun y compris plusieurs membres. Seul le Président, résidant dans la ville de Douala, en possèderait en grande majorité pour les courses organisées par « son » association. Et pourtant, une association qui a pour vocation l’organisation des courses hippiques, devrait être portée par les propriétaires de chevaux eux-mêmes. L’autre curiosité de CAM Galop est sa vocation soit disant nationale alors que contrainte à chaque fois de restreindre l’organisation de ses courses hippiques à la seule région de l’Extrême-Nord sous la complaisance et le risque d’insécurité qu’en cours la ville devant les frustrations de la population et de plusieurs propriétaires de chevaux.

Aujourd’hui, ayant fait le constat que les deux autres régions du septentrion, notamment les régions du Nord et de l’Adamaoua, disposent du plus grand nombre des chevaux des courses du pays, l’on ne comprend pas pourqui autoriser l’organisation des courses à CAM Galop. D’où l’urgence de découvrir le vrai mobile de cette association, dont le seul fait d’arme jusque-là reste la zizanie qu’elle crée lors des courses hippiques et auprès des propriétaires des chevaux de la région de l’Extrême-Nord.

Témoignages

Abdoukadiri Yaya, président de l’association des propriétaires de chevaux de course « Nous allons saisir le gouverneur ». « Je suis exaspéré de l’attitude qu’affiche Jean Khouri et ses complices ces derniers temps. Nous avons été écartés des activités équestres de la région, et c’est quelqu’un qui vit à Douala, qui vient organiser des courses dans notre localité. D’ailleurs pour la dernière course, il est arrivé à Maroua seulement la veille. Sans avoir le temps matériel de s’assurer de la bonne organisation. Cependant, si ces gens pouvaient porter l’activité avec dignité et respect, nous serions rassurés. Mais avec le désordre que nous entendons ça et là ces derniers jours, je crois qu’il est préférable que le gouverneur mette fin aux activités de cette association. Nous renouons peu à peu à avec l’accalmie, suite aux exactions de la secte Boko Haram, nous ne voulons plus d’un autre désordre dans notre région. Voilà pourquoi nous allons nous réunir dans les prochaines heures, pour écrire officiellement au gouverneur de la région, au nom de tous les propriétaires de chevaux de courses. »

Bouba Lawan Poutchi, propriétaire de chevaux de course « C’est mieux de vivre en paix »

« J’ai appris lundi dernier les incidents qui sont survenus au stade Lamido Yaya Dairou de Maroua. C’est vraiment regrettable qu’on en soit arrivé là. L’activité équestre en général et celle de la course des chevaux en particulier, sont des traditions de longue date chez nous. Nous avons été de tout temps accrochés à notre culture. Voilà pourquoi toutes les courses hippiques qui ont été organisées dans cette région, l’ont été avec notre approbation et notre bénédiction. Mais avec le désordre que nous constatons ces dernières années avec CAM Galop, je crois qu’il est enfin temps que la plus haute autorité de la région tranche cette affaire. C’est mieux de vivre en paix en mettant de côté une passion qui nous pousse au soulèvement. J’espère que le gouverneur va apporter une solution définitive à cette crise qui est en train de naître »

Source: camer.be