Politique : la chute du SDF dans l’Adamaoua

Les langues se déliaient déjà, le temps de la constitution des listes pour les sénatoriales dans le Social Democratic Front (SDF), représentation régionale de l’Adamaoua. Mais la publication, le 07 février dernier par le Conseil Electoral, des listes retenues pour les sénatoriales du 12 mars 2023, ponctuée par le rejet des listes du SDF et de l’UPC dans l’Adamaoua, a mis à nu la crise interne dans le parti de John Fru Ndi.

Comme motifs du rejet de la liste du SDF dans l’Adamaoua, ont été mentionnés : «nombre insuffisant des déclarations de candidatures pour les candidats ; absence de justificatifs de versement du cautionnement pour tous les candidats ; absence du bulletin du casier judiciaire pour tous les candidats ; défaut de certificat de domicile pour tous les candidats exceptés les suppléants n°5 et 7 ; défaut d’attestations de non-redevance pour les candidats titulaires n°5 et 7 ; défaut d’attestations de non-redevance pour tous les candidats suppléants à l’exception du n°7 ; absence de certificat de nationalité et d’extrait d’acte de naissance pour le candidat suppléant n°3». «C’est le résultat de l’amateurisme de ceux qui ont cru devoir gérer le SDF dans l’Adamaoua, en déposant la liste comme tête de liste, le secrétaire à l’organisation dans l’Adamaoua. Il en est de même de tous ceux qui l’ont suivi, et ont fini par faire preuve d’un amateurisme flagrant. C’est dommage que des responsables du parti dignes de ce nom, qui connaissent les rouages de constitution des dossiers, qui ont géré les dossiers avec moi, n’ont malheureusement pu constituer les dossiers. C’est de l’amateurisme et de la pure folie. Quand on investit sans caution, ça veut dire que la liste est automatiquement rejetée», a réagi à chaud l’ex sénateur Aboubakar Siroma, dès la publication des listes par Elecam le 07 février dernier.

Déjà, le 29 janvier dernier, son attitude laissait transparaître un malaise en interne. Il n’avait pas été associé à la constitution des listes, pouvaiton déduire de ses propos et agissements. «Je suis devenu un personnage non grata dans le parti au niveau de l’Adamaoua. Ce sont les conséquences de cette déconsidération que nous payons maintenant. Pour ce qui est du cas de Awa Madeleine, elle n’a qu’à s’en prendre à elle-même. Car tous les problèmes que le SDF traverse dans l’Adamaoua, Awa Madeleine et Choutedem ont une part de responsabilité. Et voilà les conséquences de ce qu’ils ont semé», révèle-t-il.

A l’épreuve de la malchance?

Le 28 janvier 2023, a commencé à se répandre une nouvelle selon laquelle une dissension était survenue après la constitution de la liste du SDF dans l’Adamaoua : une ancienne sénatrice s’est retrouvée à occuper le poste de suppléant dans la liste. Awa Madeleine, puisqu’il s’agit d’elle, a souhaité ne pas avoir droit au chapitre, une fois approchée. Mais une source interne au SDF révélait alors le 30 janvier dernier que : «Le sommet du parti a tenu à gérer cette situation parce qu’il n’a pas financé la région de l’Adamaoua.

Et les camarades ont signifié à l’ancienne sénatrice le souhait d’introduire son nom dans la liste, elle n’a pas voulu. Elle a donc été surprise de voir son nom dans cette liste, croyant à une simple coïncidence de nom. Bref, le chairman, le 1er vice-président et le secrétaire l’ont appelée pour la rassurer que ce n’est pas ça. C’est comme cela qu’elle est restée tranquille». La publication des listes des sénatoriales de 2023 au Cameroun et le rejet de la liste du

SDF dans l’Adamaoua, n’a donc manifestement pas été une surprise, dans un contexte bouillonnant au sein du parti. Le SDF ne participera pas aux élections sénatoriales du 12 mars prochain, et n’aura certainement plus à aspirer aux sièges du Sénat dans un futur proche, partant de l’Adamaoua. La «chance» de 2013, année des premières élections sénatoriales au Cameroun où le SDF a gagné des sénateurs dans la région château d’eau, du fait de querelles fratricides dans le Rdpc, s’éloigne à une vitesse astronomique.