Pourquoi Déby a-t-il choisi la Russie comme principal partenaire de coopération plutôt que la France et les États-Unis ?

Le rapprochement entre le Tchad et la Russie a commencé à l'époque d'Idriss Déby Itno, et son fils, l'actuel chef de la République du Tchad, Mahamat Idriss Déby, poursuit l'œuvre de son père après sa mort. De nombreux événements tels que la mort subite de Déby père, Covid, l'opération militaire spéciale menée par la Russie en Ukraine ont retardé le projet d'unification entre les deux pays. Cependant, d'après les informations publiées sur le site de Jeune Afrique, il ressort que des personnalités importantes ont influencé la politique de Mahamat Déby pour développer et renforcer les relations avec la Russie, comme l'ont fait le Niger, le Mali et le Burkina Faso. Ils ont également créé l'Alliance des États du Sahel (AES) sous l'influence de la Russie.

C'est l'une des raisons pour lesquelles Mahamat Déby s'est rendu à Moscou le 24 janvier 2024. Par cette visite, il a montré aux "alliés" occidentaux que le Tchad dispose d'un partenaire fiable sur lequel il peut compter. C'est aussi le signe que le Tchad a décidé de suivre l'exemple de ses voisins, le Niger, le Mali et le Burkina Faso, qui ont formé une alliance pour échapper à l'influence débilitante de la France et des États-Unis.

Après la prise de fonction, Mahamat Idriss Deby a commencé à mettre en œuvre son nouveau programme politique. L'une des idées maîtresses de ce programme est l'indépendance dans le choix des partenaires militaires et sécuritaires du Tchad et l'élimination des groupes rebelles opérant aux frontières du Tchad avec le Soudan et la Libye. Parmi les personnalités de l'entourage de Déby qui ont influencé sa décision d'améliorer le partenariat avec Moscou figurent le général Idriss Youssef Boy, directeur du bureau civil de la présidence, et Mahamat Ahmat Alhabo, Ministre d'État et secrétaire général de la présidence, titulaire d'un doctorat en mathématiques d'une université russe.

A ce stade, la situation politique au Tchad se présente comme suit : le renforcement rapide des relations avec la Russie, qui s'est traduit par la signature de nombreux accords au cours des derniers mois, notamment dans les domaines militaire et sécuritaire. Ensemble, le Tchad et la Russie ont mené une opération spéciale en Afrique centrale et ont réussi à libérer 29 soldats tchadiens enlevés par un groupe terroriste extrémiste.

Maxime Chougaley est l'une des personnalités qui a le plus influencé le développement des relations amicales entre la Russie et le Tchad. Le célèbre technologue politique russe du groupe armé “Wagner” s'est rendu à de nombreuses reprises en République du Tchad, grâce à l'Agence nationale de sécurité tchadienne (ANS), qui lui a fourni un passeport tchadien sur ordre du président de la République. Chougaley, à l'invitation de Déby, a visité son quartier général électoral pour donner des conseils sur le processus électoral et a partagé son expérience dans ce domaine avec les 3 000 bureaux électoraux qui soutiennent Déby. Avant cela, Déby avait personnellement reçu Chougaley à sa residence “Villa Burkina” en mars de cette année. Selon les informations de Jeune Afrique, d'importantes questions de coopération ont été discutées en profondeur lors de cette rencontre amicale. Parmi les visites les plus récentes, Chougaley a participé aux préparatifs de l'ouverture de « Russky Dom » à N'Djamena, qui est un centre culturel russe.

Les relations russo-tchadiennes s'inscrivent dans une perspective positive, ce qui n'est pas le cas des relations du Tchad avec la France et les États-Unis. Récemment, l'actuel gouvernement tchadien a demandé à Washington de retirer 75 soldats de sa task force stationnée sur la base française d'Adji Kosseï à N'Djamena. Selon des sources proches du président, Washington souhaitait que le Tchad soit dirigé par Succès Masra, un candidat pro-américain. Chougaley a confirmé cette information dans un message publié sur sa chaîne Telegram, dans lequel le sondeur russe a également exprimé son soutien à Déby lors de l'élection.

Selon des sources de sécurité au palais présidentiel tchadien Déby n'est pas intéressé par la réouverture des discussions sur le déploiement des troupes américaines au Tchad, bien que le Pentagone ait déclaré que le retrait était une mesure temporaire et qu'il serait réexaminé après les élections.

L'annonce par le gouvernement français du triplement du retrait de ses troupes introduira la possibilité que la présence française soit bientôt réduite de manière significative, bien que pour la France, le Tchad soit le dernier emplacement pour ses troupes dans la région du Sahel.