Il est facile de confondre Serge Doka à un jeune étudiant sur le campus de l’université de Ngaoundéré. Surtout lorsqu’il se rend à ses entrainements de tennis, sa passion le weekend ; ou alors lorsqu’il arbore parfois le vendredi, un «saro» sur mesure aux couleurs uniques. L’homme est dandy et sa jeunesse apparente de l’élégant homme parle pour lui. Son rire, souvent moqueur pour certains, ravive le tout.
Sans doute inspiré par l’un de ses auteurs préférés, Martin Luther King, de qui il n’a de cesse d’apprendre que : «Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots» ; ou encore de Dostoievski, que : «Un homme est malheureux parce qu’il ne sait pas qu’il est heureux».
Et Serge Doka sait être heureux au sens large du terme. Pourtant, lorsque le quadragénaire se taille, comme à son habitude, un de ces costumes de dernière couture, il est alors aisé d’identifier le «grand prof» ou «monsieur le recteur», comme aiment affectivement l’appeler les étudiants. Pr Serge Doka Yamigno est bel et bien le vice-recteur chargé de la recherche, de la coopération et des relations avec le monde des entreprises depuis 2015 à l’université de Ngaoundéré. Non sans avoir été directeur adjoint et chef de département de Physiques de l’École normale supérieure de Maroua en 2009, après son passage au grade de chargé de cours en 2008.
Une promotion qui survient juste une année après son retour au Cameroun, nanti d’un doctorat obtenu à l’université libre de Berlin, le 30 octobre 2006. Il aura quant obtenu en 1999, son DEA à l’université de Yaoundé. Un diplôme qui lui ouvre immédiatement les portes de la faculté des sciences de l’université de Ngaoundéré, où il est recruté comme assistant.
Commence alors pour le jeune enseignant, une riche carrière académique depuis longtemps régulée par un autre de ses maîtres à penser. Il s’est toujours souvenu, comme Arthur Lewis, que : «Pour arriver à l'excellence, il faut de l'autodiscipline, il faut s'entraîner à faire et refaire les mêmes choses pendant que les autres s'amusent». Une pensée qui l’a incité à rapidement évoluer en grade, au point d’être maître de conférences en 2013 et promu vice-recteur de l’université de Ngaoundéré à 41 ans.
Erudition
Mais l’insatisfaction intellectuelle, bien que rompu à ses charges administratives, propulse le Pr Doka au sommet de son domaine. En décembre 2017, il devient le tout premier fils de l’Adamaoua, professeur titulaire des universités au Cameroun et aussi le tout premier du Septentrion au sein de la commission scientifique spécialisée en sciences physiques du comité consultatif des institutions universitaires du Cameroun.
Cette promotion au grade intervient au bout de quatre ans, le temps minimum requis pour passer de maître de conférences à professeur titulaire. Dans cette mouvance, cinq enseignants-assistants de l’université de Ngaoundéré, originaires de la région de l’Adamaoua, ont été promus chargés de cours.
Et le Pr Doka, infatigable, est auteur de plus de 60 publications en sciences physiques, encadreur de 10 thèses depuis 2015 dont 6 en cours d’achèvement à l’université de Maroua, sans compter une centaine Master et Dipes 2 à Ngaoundéré et Maroua.
«Je ne pouvais m’imaginer un jour qu’à la force des détails notés depuis ma naissance, je serais à ce niveau. J’ai arpenté pendant sept années, les routes poussiéreuses menant au seul lycée de Meiganga, avant de déposer en 1993, à la suite de l’obtention d’un bac C, mes valises sur la colline du savoir à Ngoa-Ekelle», confie le vicerecteur est né le mardi, 03 septembre 1974 à 7h45 à Mora.
Le physicien inculque au quotidien l’attachement à la précision, qu’il doit à ses parents, à ses trois enfants. S’appuyant sur ce détail que lui a légué Jean Rostand, à savoir, «tout ce que nous pouvons pour nos enfants, c'est de bien choisir leur mère», Serge Doka a donc bien choisi le médecin-pédiatre Hélène Kamo Selangai. Une épouse dont l’œillade prédispose son «recteur» d’époux à bien de lauriers futurs.