Spoliation foncière à Mbankomo: la Magzi au cœur d’une prédation

Chez ces populations, la frustration a atteint son comble

Thu, 30 Sep 2021 Source: L'Anecdote

Alors qu’une vaste réforme foncière visant à protéger le patrimoine des populations riveraines prend progressivement corps à travers le territoire national, des manœuvres frauduleuses d’accaparement de terres viennent d’être démasquées à Binguela et Nomayos.

Victimes d’un accaparement frauduleux de leurs terres et autres moyens de subsistance,plus de 200 familles seront bientôt mises à la rue dans les localités de Binguela I, Nomayos I et II, dans l’arrondissement de Mbankomo, département de la Mefou et Akono, région du Centre, par la Mission d’aménagement et de gestion des zones industrielles (Magzi).

Les habitants de ces localités qui incriminent les responsables de la Magzi, appellent le ministre Henri Eyébé Ayissi et le président de la République au secours. Ils sollicitent leur arbitrage dans cette affaire, source de multiples tensions.

Chez ces populations, la frustration a atteint son comble. Le désespoir se lit sur les visages de ces familles (autochtones et allogènes) qui vont sous peu se retrouver sans abris.Ces dernières réclament plus de 200 hectares de terres, abusivement arrachées au profit de la Mission d’aménagement et de gestion des zones industrielles. Elles entendent de ce fait descendre dans la rue pour crier leur ras-le-bol et leur indignation.

Pour les autorités administratives de la Mefou et Akono, c’est une expropriation pour cause d’utilité publique dans le département. Selon celles-ci, il s’agit des terres non immatriculées, n’ayant pas de titres fonciers et donc, pas encore mises en valeur. Outre cela, elles expliquent que les procédures d’expropriation ont été respectées.

«Il y a eu une réunion de sensibilisation des populations. Des bénéficiaires d’indemnités ont également été identifiés. Toutefois, nos équipes vont procéder à des vérifications pour s ’assurer que tout a été mené comme il faut», explique un représentant des autorités de la Mefou et Akono.

Dans leur prétention, les habitants desdits villages déclarent n’avoir pas été contactés pour un projet d’aménagement d’une zone industrielle dans les sites en question et de plus, la zone sollicitée pour ledit projet n’est plus disponible. Ils ne reconnaissent pas autour d’eux, un domaine national de 201 hectares pouvant faire l’objet d’une déclaration publique.

Car, «70% des terrains de leurs villages constituent des domaines privés», indique Guillaume Bomba Atangana, représentant des villages concernés. Et de poursuivre : «aucune autorité ne les a approchées avant pour solliciter une négociation de quelques terrains pour la réalisation des œuvres d’intérêt général».

Les faits remontent en 2016, alors que feue Jacqueline Koung A Bessiké était encore aux commandes des» Domaines, du cadastre et des affaires foncières au Cameroun. Cette dernière avait pris un arrêté portant utilité publique des travaux d’aménagement d’une zone industrielle sur une dépendance du domaine national, sur une superficie de 201 hectares au lieudit Nomayos II, dans la localité de Mban-komo.

«Sur les 201 hectares réquisitionnés au profit de la Magzi, près de 161 hectares étaient destinés au domaine privé avec des titres fonciers de plus de 40 ans d’existence», renseigne une source proche du dossier.

Après moult tentatives et démarches restées vaines jusqu’ici, se sentant abusées et face à l’indifférence des autorités, les populations de Binguela I, Nomayos 1 et II, constituées en collectif, entendent saisir la haute hiérarchie. L’arbitrage du ministre EyébéAyissi et du président de la République, est attendu.

Source: L'Anecdote