Haro sur le franc CFA. De Dakar à Bamako, en passant par Abidjan et Lomé, la monnaie africaine, vue comme un héritage anachronique de l’époque coloniale et la persistance d’une domination française, est sous le feu des critiques, vilipendée par une jeunesse africaine en mal d’avenir, une partie des élites jusqu’au plus haut sommet des États.
Dans plusieurs pays d'Afrique (Dakar, Ouagadougou, Lomé, Bamako, etc.), les manifestations artistiques ont réclamé pour la première fois depuis l'indépendance la suppression du Franc CFA, une monnaie imposée à 14 pays par le colonialisme français lors des indépendances. Ces mobilisations, menées par des groupes de jeunes, désignent l'émergence d'une nouvelle génération de militants africains.
Aujourd'hui, cette révolution artistique se concrétise. Dans une peinture murale, de jeunes artistes togolais expriment leur opinion publique : les pays d'Afrique de l'Ouest ont besoin d'une désolation du FCFA.
Selon les graffitistes, la liberté et l'indépendance sont des chemins de développement, tandis que le franc CFA est tout à fait opposé.
Le franc CFA, lien avec le passé colonial, est devenu un lien néocolonial, un simple ravalement de façade dans une optique d'indépendance : Le franc des colonies françaises d'Afrique devient le franc de la communauté financière africaine pour l'Afrique de l'Ouest et le franc de coopération financière en Afrique centrale.
Cela implique que la zone Franc d'avant et après les indépendances est soumise aux mêmes règles impératives qui donnent le contrôle des politiques économiques des pays de la zone franc à Paris.
En d'autres termes, « la collecte des réserves de devises » est effectuée par la Banque de France. Cela signifie que les pays de la zone franc doivent déposer une partie importante de leurs réserves en devises (65 % jusqu'en 2005 et 50 % depuis) à la Banque de France. Ces réserves ne sont plus à la disposition d'États qui sont pourtant reconnus comme souverains.
Il n'est pas la première fois que cette prise de conscience se produit en Afrique. Auparavant, la traduction culturelle a été réalisée grâce à la création d'un collectif de dix artistes provenant de sept pays d'Afrique de l'Ouest, contenant le Franc CFA. Leur premier single, « sept minutes contre le CFA », aborde la question suivante : « Le FCFA doit disparaître », « la monnaie de singe » et « passer à autre chose. »
Les jeunes activistes de cette nouvelle génération redécouvrent en plus d'avoir été témoins des conséquences destructrices du FCFA, les chemins des dénonciateurs de cette monnaie coloniale assassinés ou renversés, tels que Olympio, Sékou Touré, Modibo Keita, Sankara, etc. La combinaison d'héritages et d'expériences permet de tracer une nouvelle ère anti-impérialiste en Afrique.