C’est un jeudi noir qu’a connu le lycée de Tokombéré, dans le département du Mayo Sava, région de l’Extrême-Nord. En effet, jeudi dernier, 19 novembre 2015, une bande d’élève a cassé des table-bancs et vandalisé la moto du proviseur. Selon le quotidien Le Jour qui relaie cette information dans son édition n°2066 du 23 novembre 2015, tout serait parti d’une altercation survenue entre le proviseur, Lamine Seini, et un élève indiscipliné. A en croire le journal, mercredi dernier, un élève de la classe de Première A4 du lycée de Tokombéré a été apostrophé par le proviseur.
L’élève n’aurait pas obtempéré et le proviseur, se sentant offensé, l’a alors violement giflé. Humilié devant ses camarades, il a à son tour riposté d’un coup de poing avant de prendre la fuite. Lamine Seini, agacé par cette fi de combat, a fait appel à la brigade de gendarmerie de Tokombéré. Le lendemain jeudi, Passy est revenu au lycée et a commencé à prendre ses cours tranquillement. Vers 9 heures deux gendarmes sont venus l’arrêter. Les pandores lui ont passé les menottes, ce qui a ulcéré ses camarades de classe. Ils ont résisté aux gendarmes, se sont élancés dans les couloirs du lycée pour ameuter tous les élèves.
Très vite une foule s’est formée. Le proviseur et les professeurs se sont retranchés au bloc administratif du lycée, relate le journal. Les élèves révoltés leur ont lancé des pierres, ont vandalisé la moto du proviseur et cassé quelques table-bancs. Ils se sont comportés tel que le sous-préfet a fait intervenir l’armée. Un petit détachement du BIR (Bataillon d’Intervention Rapide) de l’armée camerounaise est venu délivrer les enseignants de leurs bureaux où ils étaient séquestrés par leurs élèves. La situation a failli mettre le feu à Tokombéré quand les élèves du lycée technique se sont alliés à leurs camarades du lycée classique. Les revendications qui ne sont pas toujours académiques ont été entendues. Le président de l’Assemblée nationale indexé Les frais d’informatique qui s’élèvent à 5.000 F Cfa au lycée de Tokombéré ne seraient pas les mêmes qu’au lycée de Galaga, trois km plus loin, où les élèves ne devraient apporter que 3000 Fcfa. La comparaison n’était pas anodine.
Le lycée de Galaga est situé à Kolkoch, le quartier siège de la chefferie Maddah. Le chef Madah est Cavaye Yegué Djibril. Il est surtout le président de l’Assemblée Nationale du Cameroun (Pan), et à ce titre est suspect à Tokombéré de ne favoriser que ses proches. Le jour indique que le Pan, selon des manifestants, aurait doté le lycée de chez lui de tous les équipements dont un générateur. Or, au lycée de Tokombéré, il n’y a ni électricité, ni générateur.
De plus, à Galaga, tous les frais d’écolage seraient payés par le Pan. Selon Le Jour, la manifestation de mercredi était en fait une autre occasion de décrier le Président de l’Assemblée Nationale (Pan): «ses contempteurs ont ainsi brandi le prétexte des résultats du concours d’entrée à la police publiés en fin de semaine dernière.
Selon eux, 11 fils de Tokombéré ont été admis. Tous seraient des enfants du Pan ou ses proches. Pour les manifestants, Cavaye Yegué a non seulement facilité l’accès à ses proches à ces places très convoitées de la jeunesse, mais il aurait aussi voulu punir les jeunes trop nombreux qui soutiennent Mamadou Yacouba, un jeune ingénieur passé au MRC». La situation était donc très tendue avant l’intervention du sous-préfet Bouba Nicolas, qui a dû user de tact.
Jeudi, alors que la ville s’apprêtait à se soulever un deuxième jour consécutif, il a amené le proviseur à surseoir à son envie de sanctionner quelques 400 élèves fauteurs de trouble. Lamine Seini a demandé aux élèves de revenir en classe dès le lundi 23 novembre 2015 matin et le calme est revenu à Tokombéré. Onana N. Aaron