La faible pluviométrie, l’infertilité des sols et l’insécurité liée à Boko Haram en sont les principaux indicateurs du risque de famine dans cette région en 2018.
« Nous venons juste de sortir des récoltes et le sac de mil coute déjà 22 000 francs Cfa au marché. Même dans nos champs de Karal (mil de contre saison), à cette période de décembre-ci, les mils ne sont pas rabougris comme je le vois. A ce rythme-là, on ne peut pas échapper à la famine cette année. On ne peut pas arriver à la période du mois de soudure en aout », déplore Magadji Abali, un cultivateur au village Doyang à la périphérie de Maroua.
Ce cri d’alarme est scandée en chœur par les populations de la région de l’Extrême-Nord. Les acteurs du secteur agricole et producteurs craignent que 2018 soit une année de la famine sévère. Raison pour laquelle, ils prévoient une l’inflation du prix des céréales sur les différents marchés de la région.
Sur le marché actuellement les prix de cette denrée sont déjà en augmentation. Le sac de mil, la plus consommée par les populations, coute entre 27 000 francs et 30 000 francs Cfa. Celui du maïs oscille entre 25 000 francs et 28 000 francs Cfa. De quoi donner des insomnies aux ménages qui ont encore en mémoire la grande famine de 1997.
Mamadou Mota, ingénieur agronome explique cette situation par la faible pluviométrie observée cette année. « Beaucoup d’eau ne se sont pas assez infiltrées dans nos sols afin d’assurer la bonne production du Karal. Donc, on ne s’attend à rien cette année. C’est l’échec total de la production. Pas besoin d’être spécialiste pour le constater », relève t-il.
Ainsi, la famine risque de s’installer dans le camp des réfugiés de Minawao. Puisque beaucoup d’organismes non gouvernementaux se ravitaillent sur le marché local en céréales dans le but de constituer l’essentiel des stocks destinés aux refugiés, aux personnes déplacées et aux familles d’accueil.
Les sociétés brassicoles ne sont pas en reste. Même les commerçants véreux et spéculateurs qui s’étaient spécialisés dans la constitution des stocks et la surenchère n’y voient que feu.