Alain Claude Mbayen, l’un des trois pasteurs que la police a interpellés à Douala le dimanche 18 octobre 2015 à la paroisse de Beedi de l’Eglise presbytérienne camerounaise (Epc), est poursuivi seul par la justice. Libéré mercredi comme ses confrères après plusieurs jours de garde à vue (à la suite d’heurts entre paroissiens rivaux), il a déclaré à CT qu’il est poursuivi pour « troubles [d’un] culte ».
« L’on m’accuse, se défend M. Mbayen, alors que je n’y suis pour rien… » Le parquet du tribunal de première instance de Ndokoti où il a comparu jeudi dernier ne l’entend pas de cette oreille. Les parties devront être mieux fixées cependant en confrontant les faits aux arguments qui pleuvent déjà. Le pasteur Mbayen, tout autant accusé par l’Epc (tout au moins des dirigeants) qui ne le reconnaît plus comme guide des fidèles, entend démonter une machination.
Qui tirerait sa source du refus de certains princes de son Eglise de le voir maintenu à Beedi comme l’ont demandé des paroissiens en décembre 2013. « Nous voulions qu’il continue les travaux de construction du temple lesquels n’avançaient qu’en raison de la confiance placée en lui par l’exécutant des travaux qui réclame plusieurs dizaines de millions F d’impayés.
Sans parler des conflits fonciers… Au lieu de cela, il a été plutôt sanctionné », disent en chœur des paroissiens mécontents. Le consistoire Sanaga auquel appartient la paroisse a rayé (février 2014) Alain Claude Mbayen de la liste de ses pasteurs et discourir sur les raisons jetterait l’opprobre sur la communauté, rétorque le révérend Dieudonné Bayilla, secrétaire exécutif de cette assemblée chrétienne.
Si les ouailles fidèles au pasteur Mbayen jugent la procédure à la fois cavalière et illégale, l’exécutif local de l’Epc présente lui un procès-verbal du jugement « contradictoire et devant le peuple ». Où cependant, M. Mbayen récuse ses juges. Dès lors, pour certains, il fallait attendre que l’assemblée générale (annuelle) de l’Epc délibère après avoir été saisie par le pasteur sanctionné.
Une décision de cette cour suprême des presbytériens a même demandé dès janvier 2014 que toutes les instances inférieures à elle se dessaisissent de cette affaire en attendant sa propre sanction. L’extrait de cette instruction authentifié par le Sg de l’Epc circule entre les mains des parties. « Ce n’est pas pour autant que M. Mbayen peut se rendre justice. Il aurait dû quitter le presbytère en attendant », renchérit M. Bayilla.
D’ailleurs, s’emportent les adversaires du pasteur expulsé et remplacé, le même Sg de l’Epc a demandé à l’administration la réouverture du temple de Beedi (scellé de juillet 2014 à août 2015, et à nouveau fermé la semaine dernière tout comme le presbytère, vidé de ses occupants qui y ont de multiples effets) et l’expulsion du révérend indésirable. Ce qui a aidé à la reprise des hostilités.
Les pro-Mbayen voyant dans cette mesure, un « abus de pouvoir », une manière de contourner l’AG qui allait se déterminer « en toute justice » dès lors qu’elle serait « bien informée » par sa commission juridique saisie des accusations portées contre leur pasteur. Quoi qu’il en soit, le 19 novembre prochain, ils pourront, de surcroît, présenter cet argumentaire au juge. Et mieux encore, à la prochaine AG de l’Epc, en janvier 2016.