C’est très tard cette nuit que les Lionnes indomptables vont descendre sur la pelouse du BC Place Stadium de Vancouver pour disputer leur deuxième match dans le cadre de la Coupe du monde féminine 2015 qui se déroule actuellement au Canada.
L’adversaire du jour, c’est le Japon, champion du monde en titre. Apparemment, « il n’y a pas match », comme on dit chez nous, entre la 4ème équipe au classement Fifa et celle du Cameroun qui figure actuellement au 53è rang.
D’un côté une sélection expérimentée, rompue aux grandes joutes internationales et de l’autre une équipe certes volontaire, mais qui découvre la coupe du monde. Des superstitieux évoqueront même la mauvaise loi des séries qui veut que les « samouraïs » du football prennent toujours le dessus sur les Lions.
Qu’importe. Car en dépit de ces facteurs a priori défavorables, la vérité du terrain est parfois à mille lieues des chiffres rassurants des bookmakers.
Forte de sa victoire convaincante contre l’Equateur (6-0) lors du premier match, c’est visiblement une équipe du Cameroun décomplexée, gonflée à bloc, pleine de confiance et armée de nouvelles certitudes qui va aborder cette rencontre cruciale dont l’issue va déterminer la durée du séjour des nôtres en terre canadienne.
On peut au moins être sûr d’une chose : les Lionnes se trouvent dans des bonnes dispositions physiques et mentales depuis leur entame réussie du tournoi. A la grande surprise de beaucoup d’observateurs, les filles ont brisé le signe indien en renouant avec le succès dans un tournoi mondial.
Il n’y a rien de nostalgique à rappeler que la belle victoire du 8 juin dernier, survenue 25 ans jour pour jour après celle d’un certain 8 juin 1990 en Italie, aura mis du baume au cœur des supporters depuis longtemps sevrés de victoire et qui se souviennent à peine que le dernier succès du football camerounais en compétition internationale remonte à la Coupe du monde 2002 face à l’Arabie saoudite.
Il faut dire qu’après la sévère leçon de football infligée par l’Allemagne à la Côte d’Ivoire (10-0), c’est avec beaucoup d’appréhensions qu’on attendait l’entrée en matière des Lionnes que l’on voyait en poules mouillées, jouant la peur au ventre et recroquevillées sur elles-mêmes. Une fois sur le terrain, Christine Manie et ses camarades ont montré un tout autre visage : celui de guerrières en mission commandée pour mener le bon combat et remporter une victoire sans bavure.
On a vu jusqu’ici à l’œuvre une séduisante sélection pratiquant un football assis sur une philosophie de jeu lisible et un dispositif tactique bien en place.
C’est avec délectation qu’on a pu apprécier un jeu auquel nous étions peu habitués jusqu’ici. Un jeu rondement mené fait de combinaisons rapides, de dédoublements, de longues transversales sur le dos de la défense adverse, de retraits millimétrés à l’approche de la surface de réparation, sans oublier le marquage teigneux sur le porteur du ballon et cette propension à provoquer l’adversaire, balle au pied pour mieux le pousser à la faute (trois penalties).
Le plus intéressant c’est l’engagement et la solidarité dont a fait preuve l’ensemble de l’équipe qui semblait avoir pour devise « une pour toutes et toutes pour une ». Elle apporte ainsi la preuve qu’avec beaucoup de volonté et de détermination, on peut surmonter les nombreux obstacles qui ont failli déstabiliser le groupe. Fort heureusement, les filles ne se sont pas abandonnées au chantage et au bras de fer inutiles. Ce qui aura finalement permis le dénouement que l’on connait au sujet des primes.
Cet esprit positif, fait d’engagement et de solidarité, en rupture totale avec le star-system longtemps décrié chez les Lions, on aimerait bien le retrouver lors du match de ce soir.
Au jeu collectif et à l’expérience des Asiatiques, les Camerounaises pourront compter d’abord sur la force du collectif, puis le ratissage d’une Raïssa Feudjio, la vigilance d’une Ngo Ndom et l’efficacité du trio offensif Ngono Mani-Aboudi Onguene-Enganamouit pour percer la solide muraille nipponne. Autres atouts : l’étonnante fraicheur physique et la stabilité d’un effectif bien maîtrisé par Enow Ngachu et son staff.
Toutefois, un danger guette les Lionnes : la suffisance. Sur un nuage depuis la victoire, il est temps de redescendre sur terre pour mieux contrer des championnes du monde qui veulent dicter leur loi. Le match pourrait se dénouer sur des petits détails. Avec déjà un pied au second tour, les Lionnes doivent cultiver en permanence l’extrême concentration et l’humilité qui sont la marque des grands champions.