Célébrités du Cameroun

Musique

Henri Dikongué

Artiste chanteur

Dikongue 234
Date de Naissance:
1967-12-06
Lieu de Naissance:
Douala

C'est le 6 décembre 1967 à Douala (Cameroun), que naît Henri Dikongué. Issu d'une famille de musiciens, il y apprend les rudiments avec les membres de sa famille. Avec sa grand-mère, il chante dans une chorale protestante du quartier de "la Briqueterie". Et, avec son oncle, il se forme à la guitare, son instrument de prédilection. Cependant, si la musique est essentielle dans son éducation, ses parents n'envisagent pas du tout que leur fils puisse en faire son métier.

Lorsqu'il a 23 ans, ses parents l'envoient étudier le droit en France, à l'université de Besançon. Mais, la musique prend le pas assez vite sur les cours. Il s'inscrit à l'école normale de musique de Paris. Dès cette époque, il tente de sortir un disque, mais sans succès. En revanche, il crée une troupe théâtrale ‘’Masques et Tam-Tam’’, mêlant musique et théâtre. Pour l'occasion, il rencontre et travaille avec le comédien Martin Yog et les musiciens Alfred M'Bongo de l'ex-Zaïre et le franco-camerounais Manuel Wandji.

D'une troupe à l'autre, Henri Dikongué travaille ensuite avec Banthu Maranatha, chorale sud-africaine. Il choisit finalement de s'installer définitivement à Paris en 1989, où il se perfectionne en guitare classique. Au cœur de la capitale, il est désormais aux premières loges pour profiter pleinement de l'intense activité musicale africaine et world-music en général, qui s'y est largement développée dans les années 80. Il travaille aux côtés des grands noms tels que son compatriote Manu Dibango ou l'ex-Zaïrois Papa Wemba. Outre ces nombreuses expériences accumulées durant ses années parisiennes, Henri Dikongué continue d'écrire en vue de sortir enfin son album. Il s'avoue lui-même assez lent et plutôt minutieux, d'où de longues années avant de sortir son propre travail.

L'attente est longue, mais le résultat concluant. En avril 1995, alors que le chanteur camerounais est depuis quelques mois père d'un petit garçon, il sort "Wa", conçu avec la complicité de son ami Manuel Wandji. Dès sa sortie, l'album est loué par la presse qui découvre en Dikongué un poète à la voix claire, dans la lignée de Lokua Kanza, Ismaël Lô, ou Pierre Akendengué. Sa musique très mélodique, mélange subtilement makossa, bikutsi mais aussi un peu de reggae ou de rumba. Quant aux textes soignés, ils sont entièrement chantés en douala. Cependant, Dikongué avoue posséder trop peu la langue de ses parents pour l'écrire lui-même. Tout est donc à la base écrit en français puis traduit.

Le mois même de la sortie de l’album, Henri Dikongué assure pendant quatre soirées la première partie de la chanteuse capverdienne, Césaria Evora, sur la scène parisienne du Bataclan. Sa prestation est applaudie de partout et par la suite, les concerts ne vont cesser de se succéder. En mai, il est au Satellite Café, opération renouvelée en juin. Durant l'été, il est présent sur de nombreux festivals, dont le festival Musiques noires pour nuits blanches au Divan du Monde à Paris en septembre. Enfin en octobre, il fait le plein au Hot Brass, excellente salle disparue en 97.

Son deuxième album, « C'est la vie », est une agréable surprise, puisque Henri Dikongué confirme son talent et son style particulier. Enregistré à Besançon, son premier lieu de résidence en France, cet album multiplie les directions musicales. S'il retrouve son compagnon, Manuel Wandji à la co-production, il s'entoure d'une équipe d'amis talentueux : les choristes Cathy Renoir et Valérie Lobe, le pianiste antillais Alain Jean-Marie, le bassiste Armand Sabbal-Lecco ou le violoniste Nasser Beghdad. Un seul titre est en français "La vie est belle" ; pour les autres titres Henri reste fidèle au douala. Fin 1997, il fait partie des nombreux invités du festival parisien Africolor. Puis le 26 décembre, il joue pour la première fois en Allemagne, à Cologne.

Henri Dikongué traverse l'Atlantique en mars 1998 pour une tournée américaine qui se révèle très réussie. Sous licence avec le label américain Tinder Records, il a la chance de voir son album distribué avec succès à travers l'ouest des Etats-Unis. Près de 10.000 exemplaires sont vendus en trois mois ce qui représente un résultat très remarqueble pour un francophone. En mai de la même année, Henri retrouve son pays à l'occasion des premières Rencontres Musicales de Yaoundé. Bien qu'il soit basé en France depuis ses débuts, il est une énorme vedette au Cameroun. C'est dans une atmosphère électrique que le chanteur donne un concert très attendu à Yaoundé. Mais quelques jours plus tard à Douala, l’ambiance est plus chaleureuse avec un concert au public largement féminin…

En septembre 2000 paraît son troisième album « N'oublie jamais » dans lequel il aborde des styles aussi divers que la rumba, le flamenco, le reggae ou le classique. Réalisé par le Camerounais Etienne Mbappé pour le label Buda Musique, Dikongué fait appel à son "grand ancien" Manu Dibango et au pianiste antillais Mario Canonge. Malheureusement cet album ne rencontre pas autant de succès que les précédents, mais Henri continue malgré tout à parcourir le monde pour proposer ses élégantes ballades teintées de nostalgie.

Début 2005, il revient sur le devant de la scène avec un nouvel album « Biso Nawa », frais et intimiste, pour lequel il s'entoure de ses complices habituels, la chanteuse Cathy Renoir, Etienne Mbappé à la basse et le guitariste Jean Paul Flores. L'album, qui aborde des thèmes universels, comme l'amour, la famille ou la nostalgie, remporte un succès limité. Il le présente sur scène au Festival du bout du monde, dans l'Ouest de la France, mais aussi en Bolivie et au Cameroun. Cette dimension internationale se vérifie durant les années suivantes, rythmées par des concerts qui amènent Henri régulièrement hors de France pour se produire à travers l'Europe (Allemagne, Suisse, République tchèque, Italie, Grande-Bretagne). Sa renommée en Afrique le conduit également à y revenir pour des prestations, que ce soit dans son pays natal ou d'autres tels que le Bénin, le Burkina Faso, le Sénégal, l'Éthiopie. Ses chansons font partie du patrimoine musical de l'Afrique francophone et inspirent la jeune génération, comme Honoré Adabadji, candidat togolais à une émission ivoirienne de télé-crochet qui fait sensation en 2012 avec sa reprise de "C'est la vie".

En parallèle, Henri Dikongué est sollicité sur d'autres projets artistiques. Son jeune compatriote Dan Kamit fait appel à ses services sur la chanson "Mon Afrique" en 2007, parue sur l'album « Les mots et les Couleurs ». La même année, il participe à la musique du film "Paris a? tout prix" de Joséphine Ndagnou en 2007, puis en 2010 a? l’album « Chroniques du bordel » de Germinal, rappeur de Besançon, la ville où il continue de résider. En 2012, c'est sur le disque d'un autre talent local, Boris Me?got, qu'il s'illustre. Et deux ans plus tard, il intervient pour la Camerounaise Micheline Ewang pour son disque "Dissongo". L'artiste reprend le cours de sa propre discographie en mai 2016, avec son cinquième album intitulé « Diaspora », qu'il a lui-même réalisé et avec lequel il retrouve le chemin de la chanson, dans un cadre qu’il définit comme "un peu New Orleans, mélangé avec l’Afrique et un peu de classique".