Nana Bouba est un industriel et homme d'affaires peul camerounais. Sixième fortune du Cameroun et dix-neuvième en Afrique subsaharienne francophone en 2015, avec une fortune estimée à 310 millions de dollars selon le classement Forbes Afrique.
Né le 21 janvier 1949, Nana Bouba est originaire de Meiganga dans l'Adamaoua. D'origine peule, il se lance le 1er janvier 1963, à 15 ans. Il rejoint un oncle maternel au Gabon. Il travaille comme aide-chauffeur et gagne 15 000 francs CFA par mois. 3 ans plus tard il double sa paie en devenant chauffeur et conduit des véhicules de transport en commun. Ses trajets l’emmènent d’Oyem ou Bitam vers Libreville.
Il commence l'entreprise en 1975, vers l'âge de 30 ans. Avec une mise de départ de 400 000 francs CFA qui vient de la vente de sa part d'héritage, 30 à 40 bœufs laissés à ses deux frères et lui par son père, décédé alors qu’il n'avait que 9 ans.
En 1984, il ouvre une échoppe à la Briqueterie, le quartier musulman de Yaoundé, et fonde les établissements Nabo (pour Nana Bouba), qui deviendront la Soacam sept ans plus tard.
Le passage du commerce à l’industrie s’impose au début des années 2000. Assistant aux difficultés de Complexe chimique camerounais (groupe Fadil), qui est alors son fournisseur en savon, Nana Bouba Djoda songe à créer sa propre savonnerie. « Tout le monde m’a dit que c’était possible, et cela nous a été confirmé par des études », lâche-t-il laconiquement. Dirigée par Abbo Amadou, un biochimiste ayant également étudié le management à l’Essec (Paris), la société Azur, dont l’usine est installée dans la banlieue est de Douala, produit ses premiers savons de ménage en 2001 et de l’huile de palme raffinée six ans plus tard.
Le début de la décennie 2010 marque un nouveau tournant pour lui. Sagri et Nabco sont créées en 2011 ; les autres filiales naissent lors des quatre années suivantes. « Nos projets sont arrivés à maturation, et nos ressources humaines ont atteint leur plein potentiel », se félicite Abbo Amadou.
Cette boulimie de création d’entreprises s’accompagne d’une diversification des secteurs, comme le montre le projet agricole en cours. Jusqu’ici, Nana Bouba Djoda s’était évertué, conformément à la vision peule selon laquelle le nombre de bovidés est l’étalon de mesure de la richesse d’un homme, à constituer un imposant cheptel ; plus de 15 000 bœufs.
Sous la bannière de Cambeef vont se mettre en place une industrie laitière, une boucherie, une charcuterie et une tannerie pour transformer les produits issus du vaste ranch de Baledjam, dans la région de l’Adamaoua (Centre).
Depuis août 2015, le patriarche a procédé à un vaste jeu de chaises musicales pour leur octroyer des postes dans ses différentes filiales… mais ne semble pas pressé de passer définitivement la main. Nana Bouba a d’autres casquettes que celle de chef d’entreprise. Sa (discrète) mise en retrait permet à ce musulman pieux de s’occuper davantage de sa fondation caritative, qui œuvre dans la santé et l’éducation. Et à ce membre du comité central du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir) de régenter la vie politique de son département d’origine, le Mbéré. « Il assume pleinement son statut de leader politique local », affirme Abbo Amadou.
Il est propriétaire du groupe NBG, empire supposé peser 260 millions de dollars. Faisant de lui l'homme le plus riche du nord-Cameroun. Son groupe opère dans la distribution. L’ensemble des activités du groupe représente un chiffre d'affaires annuel de plus d'un quart de milliard de dollars.
Ses fils prennent de plus en plus le pouvoir au sein de l'entreprise. Mohamadou Nana Bouba. DG de la holding, est actuellement le numéro deux d’Azur, et deux de ses petits frères, Hamidou Nana Bouba et Massoud Kamal Nana Bouba, sont respectivement directeur général adjoint à Soacam et troisième personnalité à Azur. Nana Bouba vit à Baledjam, dans un ranch de 16 000 m2, dans l'Adamaoua, loin des tumultes et du stress de Douala et Yaoundé, villes où se trouvent ses principaux bureaux.