Première créatrice de mode et styliste supérieure du Cameroun, Thérèse Ngann est l'impératrice de la mode du pays, ayant atteint une notoriété internationale. Elle était la dernière-née d'une famille de dix enfants et ses parents la destinaient à devenir religieuse. Au noviciat Sainte-Anne d’Édéa, la passion de la jeune Thérèse pour la couture a commencé à évoluer. Elle a ensuite été envoyée chez Mme Clavery (formée chez Christian Dior en France) pour une formation. Elle s’est également inscrite à des cours par correspondance à «Coupe et Couture» à Paris avant que sa carrière ne monte en flèche en 1955.
Née à Ngo Ndjack le 6 avril 1928 à Manguen Ma Ndjock I, dans l'arrondissement de Matomb, Thérèse est considérée comme une pionnière dans le domaine de la mode au Cameroun. Elle a organisé le tout premier défilé de mode au Cameroun à la «Salle des fêtes d’Akwa» à Douala, en mai 1967. La qualité de l’évènement a séduit les 400 invités et elle est immédiatement devenue célèbre.
De 1970 à 1979, elle décroche le rôle de designer officiel des hôtesses de Cameroon Airlines (Camair). Ses tissus préférés étaient les bazins et le pagne. Sa renommée n'a cessé d'augmenter alors qu'elle était recherchée par la Première Dame de l'époque, Germaine Ahidjo. Sa liste impressionnante de clientèle comprenait de nombreuses autres épouses de chefs d'État, dont Jeanne Irene Biya et Josephine Bongo (Patience Dabany).
En 1994, elle est couronnée Reine de la mode africaine et reçoit en 2002 l'Epi d'Or au festival FENAC. La même année, elle a dévoilé sa nouvelle ligne de parfums lors d'un défilé de mode glamour à Yaoundé. Elle organise un défilé-jubilé le 2 novembre 2002, et prend sa retraite, après 47 ans d'activité. Plus tard, des couturiers, stylistes, modélistes, mannequins de Douala organisèrent en 2008, le 80e anniversaire de la « couturière des “premières dames” » pour célébrer son talent et son parcours.
Malgré sa brillante carrière, les derniers jours de Thérèse Ngann ont été saisis par la misère et la pauvreté. En 2010, elle aurait été expulsée de la maison de l’avenue De Gaulle à Bonapriso-Douala où elle vivait depuis 1963. Elle était très malade avec peu d'argent. La modéliste n'avait nulle part où aller. Un parent lui vient en aide en l'emmenant dans une résidence à New Bell où elle a vécu jusqu'à sa mort le 30 mars 2011 à Yaoundé à l’âge de 82ans. Elle fut inhumée le 4 juin 2011 à Matomb.
Mais la carrière professionnelle spectaculaire de Ngann éclipse tout ce qui aurait pu être des moments turbulents de sa vie. L'envoyée du président Biya, Ama Tutu Muna, l'a d’ailleurs décorée, à titre posthume, de l'Ordre national de la vaillance.
Dans un éloge funèbre, le secrétaire général du ministère de la Culture, Mamaouda Malachi, a félicité la créatrice pour avoir fait de la mode camerounaise une respectabilité internationale. Il a décrit Thérèse Ngann comme une personne fertile d'esprit qui est restée humble et sympathique, malgré ses énormes réalisations. Pour lui, elle reste un modèle pour les jeunes générations.
Au cours d'une messe de requiem, le Révérend Père Jean Pierre Binam de l'Église catholique de Matomb, a décrit feu Ngann comme une personne altruiste et autodidacte, qui a vécu et est morte dans la crainte de Dieu. Il a déclaré que la défunte était patiente et humble. Plusieurs personnalités, dont la ministre des Affaires sociales, Catherine Bakang Mbock, des professeurs d'université, des artistes et des designers ont assisté à ses funérailles.