Etoudi: graves révélations sur le limogeage de Belinga Eboutou

Belinga Eboutou Ambassadeur France Le ministre aurait confisqué les clés de son bureau après son limogeage

Mon, 26 Mar 2018 Source: Repères n°628

L’emblématique directeur du cabinet civil du président de la République n’a pas digéré son limogeage le 2 mars dernier au point de confisquer pendant une semaine les clés de son ancien bureau.

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Fait inédit. Jeune Afrique de la semaine du 12 au 16 mars 2018, relate avec force et détails, les péripéties de Martin Belinga Eboutou à Genève pour rejoindre le Cameroun le 1er mars. Suite à une tempête de neige, le diplomate n’a pas pu emprunter l’avion qui devait le ramener au Cameroun ce jour-là. Contraint de rester un jour de plus dans la cité helvétique, le tout puissant directeur du cabinet civil du président de la République ne quittera Genève que le lendemain.

Revenant sur la désignation d’un nouveau directeur de cabinet, les fins limiers de l’hebdomadaire panafricain croient savoir que celui qui se fait appeler le «douanier» a demandé et obtenu du chef de l’Etat une retraite méritée. Pourtant, la réalité se situe aux antipodes du récit circonstancié du journal. Car, tout dans l’attitude de cet homme de 78 ans qui a par deux fois dirigé le cabinet civil du président de la République, trahit l’amertume, les regrets, l’aigreur et le ressentiment d’un limogeage en règle. Contrairement à ce qu’avance le journal basé à Paris, la chute de Belinga Eboutou commence avec son départ en Suisse pour des raisons de santé.

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Le diplomate, usé par les soucis récurrents de santé, manifeste des signes de fatigue. Aussi, indiquent des sources introduites, le président de la République va-t-il lui conseiller de prendre le temps de se soigner et de revenir requinqué afin d’être d’attaque pour les échéances électorales. Parti quelques semaines plus tôt, Martin Belinga Eboutou est tiré de son séjour helvétique par un coup de fil de l’entourage du président.

Jean Noah, alors aide de camp du président de la République, lui annonce quelques jours avant le remaniement du 2 mars, que le chef de l’Etat a finalisé et bouclé la copie du gouvernement. Et que son nom n’y figure nulle part. Déstabilisé par cette nouvelle, Martin Belinga Eboutou décide de rallier le Cameroun dans l’urgence et de prendre le premier avion. Mais ce jour-là, 1er mars, une violente tempête de neige cloue au sol l’ensemble des avions de l’aéroport de Genève. Contrarié, il se voit contraint de passer une nuit supplémentaire dans la cité helvétique. Mais, l’homme ne tient plus en place.

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Tout son cœur est au Cameroun où il multiplie les conversations téléphoniques avec son homme de main, l’aide de camp du chef de l’Etat, qui l’informe du déroulement minute by minute des évènements ainsi que des faits et gestes du président. Ce dernier en qui le président n’avait qu’une confiance limitée, sera d’ailleurs limogé quelques jours après le remaniement. Le 2 mars à 20h, le décret qui réaménage le gouvernement est finalement lu sur les ondes de la radio nationale.

Matin Belinga Eboutou est remplacé par Samuel Mvondo Ayolo au cabinet civil. Son adjoint, Joseph Le, est envoyé au ministère de la Fonction publique, tandis qu’Oswald Baboke, hérite du poste d’adjoint. La taille du gouvernement était devenue assez obèse pour caser «Tom dollar». Quand il arrive le 2 mars au soir à Yaoundé, la nouvelle s’est déjà répandue comme une trainée de poudre. Limogé par celui qu’il considérait comme son ami, Belinga Eboutou digère mal ce qui s’apparente à une humiliation, mais doit faire face. Sauf qu’il garde encore une carte qu’il abattra deux jours plus tard.

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En effet, le 5 mars, lors de la passation de service, il va refuser de libérer le bureau pour que son successeur prenne possession du poste. Motif : il exige que ce dernier appose sa signature au bas d’un document certifiant la bonne tenue des comptes du cabinet. Les sources proches du cabinet civil rapportent que Samuel Mvondo Ayolo va opposer une fin de non-recevoir à cette démarche. «Si tu ne signes pas ce document, je ne libère pas le bureau», aurait lâché Belinga Eboutou à son successeur. Ce dernier, fuyant un affrontement avec son prédécesseur, quitte le bureau. Son adjoint, Oswald Baboke, dépassé par la situation, va lui céder son bureau.

Resté seul dans le bureau, Martin Belinga Eboutou laisse éclater sa colère. Alors que jusque-là il grommèle, il va se mettre à tonner à haute voix. «Il a osé me faire cela à moi?» ; lance-t-il à l’endroit du chef de l’Etat. Pendant une semaine, il va garder le bureau du directeur du cabinet civil. Personne, pas même les éléments de la direction de la sécurité présidentielle, ne l’approchera. La présidence de la République, entre rires, apartés et indifférence, sera témoin d’un délire en règle de celui qui était considéré comme un dieu dans la République.

Lundi 12 mars, rapportent des sources proches du cabinet civil, il se rendra à son domicile sis au quartier Bastos, et ramènera des sacs contenant des billets de banque. Avec Mvondo Ayolo, en présence de témoins, les deux hommes feront les comptes du cabinet et y remettront de l’ordre. L’argent ramené manque en fait dans les états financiers du cabinet. Aussi doit-il servir à combler les écarts constatés, le « douanier» ayant eu la main légère pendant son règne.

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Une fois les comptes remis à jour, le surplus est remis à son propriétaire qui refuse de le prendre. «Reprenez votre argent et emportez-le, ce n’est pas la propriété du cabinet ». Martin Belinga, après un échange vif et corrosif avec le directeur du cabinet civil, refuse de s’exécuter et sort du bureau laissant derrière lui ses sacs remplis de billets de banque. Le DCC va aussitôt envoyer un collaborateur faire un dépôt de l’argent querellé au Trésor public. Mais plutôt que de quitter le palais, il continuera à arpenter les couloirs espérant une audience avec le président de la République. En vain

Source: Repères n°628