Affaire Martinez Zogo : 'Un film d'horreur, d'action et de rebondissements digne d'une série Netflix'

ce dossier ressemble de plus en plus à une série Netflix avec tous ses rebondissements

Mon, 6 Mar 2023 Source: Ecclésiaste DEUDJUI

Depuis le 17 janvier que Martinez Zogo a été assassiné, on a l’impression d’être plongés dans une fiction assez étrange. Car ce dossier ressemble de plus en plus à une série Netflix avec tous ses rebondissements…

Un film d’horreur

L’affaire Martinez Zogo a débuté par une scène macabre, avec la découverte du corps mutilé de l’ex-chef de chaîne de la radio Amplitude FM. Par la suite, nous avons appris avec effroi que ce journaliste avait été sauvagement torturé, avant d’être brutalement assassiné. Ce dossier a donc commencé par une consternation générale, laquelle s’est d’ailleurs répandue à travers toutes les chancelleries occidentales. L’affaire Martinez Zogo a transcendé la liberté d’expression pour devenir une affaire d’Etat, de droits de l’Homme et de liberté de la presse. L’abomination de cette mise à mort a contribué à faire de ce synopsis l’équivalent d’un véritable film d’horreur.

Un roman policier

Par la suite, il y a eu des enquêtes. Le président Paul Biya — lui-même — a ordonné l’ouverture d’une procédure gendarmerie-police, afin de mettre la main sur les commanditaires et les exécutants de cet odieux assassinat.

Comme dans Derrick, on a d’abord capturé le lieutenant-colonel Justin Danwe, le chef des opérations de la DGRE (l’équivalent de la CIA aux États-Unis). On a ensuite mis la main sur son patron immédiat, Maxime Eko Eko, ainsi que sur une quinzaine de membres du commando appartenant tous également à nos services de renseignements.

Mais le clou du spectacle, c’était le lundi 6 février à six heures. Trois arrestations simultanées ont eu lieu dans les domiciles respectifs de Jean-Pierre Amougou Belinga, de Bruno Bidjang et du colonel Nsoe Etoundi. Les motifs de leurs interpellations restent relativement flous pour le moment. Toujours est-il que cette affaire s’apparente de plus en plus à un épisode de la série Columbo. Reporters sans frontières (RSF) nous fait savoir qu’ils détiennent en exclusivité les contenus des dépositions, mais le gouvernement refuse de communiquer officiellement sur l’évolution de ce dossier. Et le public s’abreuve sur les réseaux sociaux à la faveur des kongossas qui y sont déversés par les lanceurs d’alerte comme Boris Bertolt, Rémy Ngono, Pierre La Paix Ndamè, etc.

Une pièce de théâtre comique

Finalement hein, cette histoire est presque une comédie. Entre les épouses des interpellés qui sont elles-mêmes interpellées puis relâchées au compte-gouttes, entre les hommes de main des uns et des autres et les collaborateurs du Zomloa qui sont auditionnés, ou encore le cas du journaliste Xavier Messe ; celui-là qui avait prétendu en savoir davantage depuis le mercredi 18 janvier, mais qui s’est dédit après avoir passé seulement deux jours au Secrétariat d’Etat à la Défense (SED)…

C’est une histoire tragi-comique. Car la vie de cette vingtaine de prévenus est en jeu, et pourtant les avocats d’Amougou Belinga et de Justin Danwe se mènent la guéguerre par médias interposés. Raoul Christophe Bia a fait un reportage pour défendre le curieux silence de Vision 4, et pour ridiculiser les envoyés spéciaux d’Equinoxe et de Canal 2 que sont Guy Zogo et Arnaud Nguefack. Une mystérieuse inconnue a rendu visite à l’un des prévenus de cette affaire, et les journaux ont vite fait d’imaginer qu’il s’agirait de sa future quatrième épouse. Les influenceurs et les personnalités préférées des Camerounais ont préféré s’éclipser sur ce dossier pourtant sensible (je pense à Samuel Eto’o et à Francis Ngannou), alors que leurs voix pouvaient aider à une plus importante mobilisation.

Mais le plus ridicule dans cette histoire, ce sont surtout les allers et venues des accusés entre le SED et le tribunal militaire. Des allers-retours qui tiennent en haleine l’opinion publique et qui sont décidées par un personnage que personne ne connaissait auparavant : le commissaire du gouvernement !

Un téléfilm romantique

Enfin, il s’agit aussi d’un film romantique. Une série Netflix à l’eau de rose, comme on sait si bien en fabriquer à Novelawood.

Depuis le décès de Martinez Zogo, qui ne connaît pas le visage de son épouse ? Elle qui bénéficie désormais de la protection rapprochée de quatre gendarmes, après avoir maintes fois clamé son insécurité et ses frayeurs. Et puis, qui ne connaissait pas les visages de Mélissa Etoundi et d’Ivana Bidjang ? Hein ? Ces deux pin-up qui sont régulièrement au chevet de leurs maris (lorsque l’autorisation de visite leur est accordée) et, pour tout vous dire, je trouve cela relativement très romantique.

On se souvient que Bruno Bidjang avait fait de même pour Ivana Essomba lorsqu’elle s’était retrouvée en garde-à-vue dans l’affaire Bryan Fombor. On découvre avec Mélissa Belinga que l’argent n’est pas le seul socle de son amour, et que son soutien envers le zomloa des zomloas paraît pour le moment assez sincère et indéfectible.

Nous sommes donc plongés dans une histoire tragi-romantique, un peu à la Titanic. Le suspens dans les décisions du commissaire du gouvernement mettent plusieurs familles en suspens, et ces épouses éprouvées sont parfois obligées de se retrouver devant le tribunal militaire aux environs de deux heures du matin !

L’affaire Martinez Zogo, un thriller insoutenable !

Donc depuis le dimanche 22 janvier que le corps de Martinez Zogo a été retrouvé, on a l’impression d’être plongés dans une fiction très particulière. Car ce dossier ressemble de plus en plus à une série Netflix avec ses interminables rebondissements…

L’affaire Martinez Zogo, un fait divers ! Car avec le temps cette histoire va malheureusement devenir un fait divers, même si quelques médias se battent tous les jours afin de tenter de maintenir la pression sur les autorités.

L’affaire Martinez Zogo, une affaire d’Etat ! Car ce sont quand même les plus hauts services de renseignements qui sont interpellés dans cette procédure, de même que l’un des hommes d’affaires les plus puissants de notre République.

L’affaire Martinez Zogo, un véritable film d’auteur ! Car on y retrouve de la tragédie, de l’amour, de l’action, de la comédie mais surtout beaucoup-beaucoup de surnaturel et de paranormal.

Parce que depuis un mois que Paul Biya avait ouvert les enquêtes, les Camerounais ont l’impression que rien n’avance. Certains esprits commencent à soupçonner que l’on veut déjà nous tourner en bourrique, afin que cette affaire soit noyée comme les autres assassinats qui avaient été définitivement ensevelis. Et si on ne veut pas rendre la justice à notre Martinez Zogo, qu’on nous révèle au moins le casting de tous ses meurtriers. Car nous ne serons pas des figurants dans votre propre série que vous avez-vous-mêmes organisée…

Source: Ecclésiaste DEUDJUI
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