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Affaire Martinez Zogo : comprendre le limogeage express du juge Sikati Kamwo

Limogeage signé par Paul Biya

Fri, 15 Dec 2023 Source: Le Messager n°8183 du 14 décembre 2023

Le remplacement du juge d’instruction militaire, Sikati Kamwo II Florent Aimé, par le Lt-Colonel Nzie Pierrot Narcisse par décret du président de la République Paul Biya, suscite de vives interrogations et alimente une série de spéculations. C’est par décret signé mercredi 13 décembre 2023 et lu au journal de 17h au poste national, que la décision du limogeage tacite du juge d'instruction du Tribunal militaire de Yaoundé est tombée.

Le moins que l’on puisse dire c’est que la mise à l’écart de Sikati Kamwo II était devenue prévisible, notamment après les événements du vendredi 1er décembre. Ce jour-là, le juge avait émis des ordonnances de libération pour Jean-Pierre Amougou Belinga et Léopold Maxime Eko Eko dans l’affaire Martinez, suscitant une vive controverse.

Peu de temps après, il avait émis un autre document affirmant que ces ordonnances n’étaient pas authentiques, ouvrant ainsi la voie à des rumeurs sur des manœuvres orchestrées en coulisses pour obtenir ces libérations. Toutefois, deux faits particuliers attirent l'attention de l'observateur averti sur le décret du chef de l'État qui a procédé à la nomination de certains responsables au sein du ministère délégué à la présidence de la République chargé de la Défense. On observe que ce décret, dit seulement les personnes nommées à des postes donnés sans dire ceux qui sont remplacés.

Ce décret n'indique pas comme à l'accoutumée si les anciens responsables à ces postes ainsi remplacés sont mutées, appelées à d'autres fonctions ou encore relevées de leurs fonctions. C'est le cas du juge d'instruction du tribunal militaire de Yaoundé que le décret de ce jour remplace sans le dire directement. Par ailleurs, ce même décret nomme un haut officier de l'armée au poste de Vice-président du Tribunal militaire de Yaoundé.

Ce même officier est nommé par le même décret au poste de juge d'instruction auprès du tribunal militaire de Yaoundé. Aucun texte n'impose qu'un décret présidentiel précise les noms des anciens responsables aux postes ainsi que les sorts qui leur sont réservés. Mais nous sommes souvent été habitués à des nominations qui après avoir cités les noms des nouveaux responsables, indiquent les personnes qu'elles remplacent ainsi que la trajectoire que prennent ces deniers.

Cumul de fonction. Dans les usages, on entend souvent ainsi des mentions comme « admis à faire valoir ses droits à la retraite » ou encore « muté », « appelé à d'autres fonctions » ou « relevés de ses fonctions ». Peut-on penser que dans le cas d'espèce, la structuration de ce décret, voulait habillement éviter de faire apparaître le nom du juge Sikati ? En dehors des supputations, il sera difficile d'avoir une réponse convaincante sur la question. La seule chose que l'on peut retenir, c'est que le décret ayant désigné un autre responsable au poste de juge d'instruction auprès du Tribunal militaire de Yaoundé, laisse déduire que l'ancien responsable à ce poste, soit le juge Sikati a été remplacé tout au moins en attendant d'en savoir davantage.

Pour ce qui est par ailleurs du cumul de fonctions au niveau du même Tribunal militaire de Yaoundé où le Vice-président nommé, hérite aussi des fonctions de juge d'instruction, on est là encore dans une étrange curiosité. Quelle signification donner à ce cumul de fonction voulu par ce décret ? Faut-il y voir l'absence d'un nombre portant officiers supérieurs militaires magistrats capables d'occuper l'une de ces deux fonctions ou faut-il penser que l'officier supérieur qui hérite de ces deux fonctions jouit d'une probité morale ou d' une compétence particulière ?

Toujours est-il que sur le plan hiérarchique, le juge d'instruction ainsi nommé doit rendre compte de ses enquêtes à son vice-président. Ce qui suppose dans ce cas, avec ce cumul de fonction que le nouveau juge d'instruction du Tribunal militaire de Yaoundé, rendra compte à lui-même. Étrange curiosité que seul le pouvoir discrétionnaire du nommant de ce dernier détient la véritable explication. L'énigme demeure Cette situation nous rappelle le cumul de fonctions de Marcel Niat Njifenji, qui autrefois, était d'abord Directeur général de la Sonel et par ailleurs, et s'était vu attribué les fonctions de Vice-premier ministre chargé de l'eau et de l'énergie. Ce qui supposait qu'il était en tant que ministre de l'eau et de l'énergie, la tutelle du Dg de la Sonel. Concrètement, le Dg rendait compte au ministre, c'est-à-dire à lui-même. Et le ministre appréciait les rapports du Dg de la Sonel produit par lui-même. « Si on vous explique le Cameroun… ».

Le remplacement du juge d'instruction Sikati doit-il être reçu comme le résultat de l'arbitrage dont parlaient les analystes politiques sur les plateaux de télévision dimanche dernier ? Faut-il l'entendre plutôt comme la sanction de la hiérarchie sur la signature l'ordonnance de mise en liberté de deux mis en cause ? Ce limogeage du juge Sikati confirme-t-il les déclarations du conseil des mis en cause qui parlaient de documents authentiques ? En dehors des supputations, rien ne permet jusqu'ici de répondre à ces interrogations avec certitude.

Les commentaires qui ont débuté dans les chaumières ne disposent pas, même avec la publication de ce décret, des éléments fiables pour faire la lumière sur les documents querellés de la semaine dernière. Malgré ce décret, les attentes des citoyens demeurent entières sur l'authenticité des documents publiés au sujet des mis en cause sur l'affaire Martinez Zogo. Entre temps, le peuple, les mis en cause et la famille du célèbre animateur radio attendent impatiemment la manifestation de la vérité.

Source: Le Messager n°8183 du 14 décembre 2023
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