L’affaire Martinez Zogo va sans doute laisser des traces au Cameroun. Déjà elle a avalé le tout puissant Amougou Belinga qui boucle sa 4ème nuit de détention. Ce jeudi, nous apprenions qu’il a été sorti pour une double perquisition dans les locaux de ses bureaux. Mais au-delà de tout, c’est une véritable guerre de clan qui se mène autour de Paul Biya. Le nom de certains ministres sont cités dans cette affaire. Certains sont directement épinglés. On annonce d’ailleurs leur arrestation dans les jours à venir. Mais Arlette Framboise Doumbe Ding officiel pense qu’il est préférable pour eux de démissionner pour sortir la tête haute.
« Au Cameroun certains ministres sont à 10 ou 20 ans au sein du gouvernement et ont eu le temps de tisser de puissants réseaux d'influence avec des ramifications capables de toucher et d'entraver la bonne marche de la justice y compris au tribunal militaire.Aussi, pour limiter leur influence dans une affaire où ils sont souvent cités , il devient urgent que le Président de la République les déconnecte de leurs réseaux d'influence en les déchargeant purement et simplement de leurs fonctions. Plus vite c'est fait, mieux ça vaut.Ceci dit, même sans attendre d'être débarqués par le Président de la République, ces ministres dont les noms sont souvent cités dans l'affaire Martinez Zogo peuvent par souci de galanterie donner leur démission pour aller défendre leur honneur en tant que simples justiciables comme cela se fait en occident. Cela s'appelle aussi avoir le sens de l'honneur », a posté la militante du MRC.
Preuves d'implication : un des enquêteurs confirme pour Laurent Esso, le ministre va être arrêté
Le ministre camerounais de la Justice Laurent Esso peut s’inquiéter de son avenir. Son nom a commencé par être cité quand on a retrouvé mort le journaliste Martinez Zogo dans le quartier de Yaoundé, son corps en état de décomposition avancée.
Des témoignages du chef de l’opération Justin Danwe qui a conduit le kidnapping, la torture et l’exécution de l’homme de média ont été dévoilés par Reporters sans frontières (RSF).
L’organisation reconnue d’utilité publique a pu savoir que c’est Laurent Esso qui aurait clairement donné l’ordre au milliardaire Jean-Pierre Amougou Belinga de tuer Zogo qui en savait beaucoup trop sur leurs affaires louches au sommet de l’Etat.
L’homme d’affaires aurait téléphoné le ministre pour lui demander ce qu’il fallait faire. Après, Jean-Pierre Amougou Belinga a demandé aux hommes de Justin Danwe de continuer le travail et de le finir conformément à l’ordre reçu de Laurent Esso.
De nouvelles informations reçues par RSF laissent envisager un avenir très sombre pour Laurent Esso qui devrait, sauf cataclysme, être sauté.
« Laurent Esso dans le viseur. Les efforts se concentrent maintenant sur le rôle qu’a pu jouer le ministre Laurent Esso. "On a les preuves qu’il est fortement impliqué" confie l’un des enquêteurs qui a refusé d’en dire plus », annonce RSF.
Dans son récit, elle informe que « l’homme aux six mandats successifs au sein du gouvernement camerounais depuis 1996, l’un des plus anciens compagnons de route du président Paul Biya, est déjà surveillé de très près ces derniers jours ».
En réalité, « des gendarmes étaient postés à proximité de son domicile sans qu’il soit question de menaces pour sa sécurité. Depuis sa geôle au Secrétariat d’Etat à la défense (SED), Jean-Pierre Amougou Belinga a demandé à le joindre à plusieurs reprises. Son souhait n’a pas été exaucé ».
Par ailleurs, alors que de forts soupçons pesaient sur lui depuis le kidnapping de Zogo, Jean-Pierre Amougou Belinga « s’était rendu pendant plus d’une heure dans le bureau du ministre, le 03 février ».
C’est visiblement un crime d’Etat, parce qu’impliquant plusieurs personnalités travaillant pour le gouvernement. Une autre personne est le patron de la Direction générale de la recherche extérieure (DGRE) Léopold Maxime Eko Eko.
Nous apprenons que « le véhicule Prado qui a été utilisé pour kidnapper le journaliste lui appartenait. Le dossier est désormais entre les mains de la justice militaire et du commissaire du gouvernement ».