Le temps passe irrémédiablement dans l’affaire Martinez Zogo et les personnes gardées en vue le sont beaucoup plus que la loi ne le prévoit. C’est une réalité qui amène certains observateurs à envisager que la justice camerounaise se défile et veut enterrer une nouvelle fois un crime scandaleux. Me Christian Bomo Ntimbane, avocat au barreau de Paris, est de ceux qui le pensent. L’acteur de la société civile le dit haut et fort dans une publication que nous relayons ci-dessous.
Affaire de l’assassinat du journaliste Martinez Zogo. La stratégie du pourrissement enclenchée
Les atermoiements, la gestion opaque par la présidence de la République à travers ses services que sont le Secrétariat d'État à la défense (SED) chargée de la gendarmerie, la Délégation générale à la sûreté nationale et le tribunal militaire, du dossier de l'assassinat crapuleux de notre compatriote, le journaliste Martinez Zogo, laisse présager qu'il s'agit d'une démarche visant à mettre au placard cette horrible affaire, comme tant d'autres crimes non élucidés de l'histoire de notre pays.
Quelle est cette affaire où des personnes fortement suspectées selon les termes d'un communiqué du Secrétaire général à la présidence de la République, sont depuis près d'un mois toujours en garde à vue, alors qu'il est de pratique judiciaire constante, que dès le déferrement des suspects d'un crime de sang au parquet, une information judiciaire est ouverte et les inculpés mis sous mandat de dépôt, et ce pour empêcher que leur mise en liberté n'entraîne l'effacement des preuves ?
Quelle est cette affaire de crime de sang où un procureur ou commissaire de gouvernement se charge d'approfondir les recherches ou les investigations ? Ne s'agit-il plus à son niveau d'une enquête préliminaire autrement appelée sommaire ?
Même toutes ces fuites et rumeurs sur une supposée attente de nomination d'un juge instructeur supérieur en grade au lieutenant-colonel Justin Danwe par le président de la République ne peuvent justifier toute cette procrastination procédurale.
Car Il existe au sein de ce tribunal militaire des magistrats civils, juge d'instruction qui ne sont pas soumis à la hiérarchie militaire. Et même qu'est-ce que ça coûterait au président de la République de signer instamment un décret désignant un colonel magistrat, juge instructeur au tribunal militaire, s'agissant d'une affaire qui mobilise l'opinion publique nationale, africaine et internationale ?
In fine, si la présidence de la République a décidé d'enterrer cette affaire comme cela se voit, que toutes ces personnes arrêtées soient donc libérées afin que la pauvre famille de Martinez Zogo aille enterrer leur membre qui se serait alors suicidé, au lieu de procéder à tous ces stratagèmes d'ensommeillement du peuple.
Pourquoi toute cette gêne alors que les dispositions du code militaire et du code pénal permettent au président de la République du Cameroun d'arrêter l'action publique ?