Le gouvernement s’est saisi d’une patate chaude parce que la supercherie semble plus corsée, car le nombre de souscripteurs déclarés pourrait être plus important.
12 .798.825.000 FCFA collectés, montant consigné dans les registres de la MIDA. Un solde de 3.622.928.550 FCFA pour 11.835 souscripteurs déclarés. Un manquant évalué à 9.175.896.450 FCFA. Les chiffres révélés dans le communiqué du ministre de la Communication Issa Tchiroma Bakary en date du 26 avril 2018 traduisent l’ampleur du malaise qui est bien plus profond. Mais qu’on ne s’y méprenne pas : la supercherie est plus corsée et le gouvernement qui a saisi la balle au bond hérite là d’une patate chaude. En effet, le communiqué du MINCOM parle de 11.835 souscripteurs (associations et individus).
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Mais en réalité, les associations ne sont qu’un subterfuge, fruit d’une combine entre de gros souscripteurs et la MIDA pour leur permettre de souscrire plusieurs actions en versant de gros montants. Ce qui signifie en clair que les associations qui figurent dans les registres de la MIDA représentent plusieurs dizaines de souscriptions ou d’actions dont la valeur unitaire était fixée à 12.500 FCFA. L’enquête en cours devra se pencher sur le nombre de parts souscrites par les associations afin de déterminer le nombre réel de souscripteurs. Mais le terme « souscripteur» n’est plus approprié. Il faut désormais parler d’actions.
C’est le cas de cette dame qui déclare avoir souscrit 50 millions pour espérer récolter 250 millions au bout d’un mois, conformément au pourcentage proposé. Tous les souscripteurs ne sont donc pas logés à la même enseigne. n clair, il y a des raisons de douter de la fiabilité des chiffres communiqués par la MIDA car plusieurs types de souscriptions étaient acceptés. Le gouvernement qui veut procéder au remboursement devrait faire la part des choses entre ceux qui ont souscrit plusieurs fois, ceux qui ont souscrit de grosses sommes et ceux qui ont bénéficié des premiers, deuxièmes et troisièmes paiements et qui ont réinvesti les sommes perçues pour mieux fructifier leurs mises.
Simulations
Sur la base des chiffres communiqués par le ministre de la Communication, 11.835 souscripteurs sont listés sur les registres de la MIDA. Les fonds régulièrement perçus s’élèvent à 12.798.825.000 FCFA. Le montant de chaque action étant de 12.500 FCFA, la somme collectée par la MIDA représente ainsi 1.023.906 actions ou souscriptions.
Si on présume par exemple qu’il y a eu six milliards de francs de dépôts entre les mois de février et d’avril 2018, le nombre de souscripteurs ou d’actions sortira de la division entre le montant des dépôts et le montant de chaque souscription ou action : 6.000.000.000 /12.500 = 480.000 actions.
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Et le montant global que la MIDA devrait payer s’élèverait à : 480.000 x 12500 x 520% du taux d’intérêt que promet la MIDA, soit 31 milliards 200 millions de francs. Or, on n’a seulement pourtant trouvé près de 4 milliards de francs en caisse. Pour payer les souscripteurs dans les conditions initiales fixées par cette structure qui devait fructifier les différents dépôts en les multipliant par 520%, il aurait fallu 66 milliards de francs si l’on s’en tient au communiqué du ministre de la Communication qui indique un dépôt de 12.798.825.000 FCFA pour un nombre total de 11.835 souscripteurs.
On comprend pourquoi la MIDA n’arrêtait pas de repousser le remboursement des souscripteurs de la sixième et de la septième vague. C’est le niveau habituel d’effondrement de la pyramide de Ponzi. Les annonces de la délocalisation de la structure sur Douala ou même Bertoua ont servi en fait à attirer de nouveaux souscripteurs avant le « game over ». Même si le gouvernement n’était pas intervenu, la MIDA ne pouvait plus payer et les promoteurs allaient fermer boutique et disparaître dans la nature. Des témoins confient que même lors des paiements antérieurs, la MIDA n’avait jamais totalement désintéressé les souscripteurs d’une même vague au même moment.
Une liste d’une vingtaine ou une quinzaine de personnes était publiée et une note demandait à ceux qui n’avaient pas vu leurs noms de patienter.
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Là encore, il faut relativiser car, contrairement à ce que laissaient entendre les promoteurs de la MIDA, aucun argent n’est venu de l’étranger et la structure ne dispose d’aucun multiplicateur d’argent. La structure comme la plupart des escroqueries de ce type a été lancée avec une mise de départ qui permettait de payer les premiers souscripteurs. A ceux-là on expliquait une partie du projet.
Ils deviendront des acteurs de premier plan pour faire de la publicité et aguicher d’autres souscripteurs. La MIDA a joué à ce jeu en payant effectivement les premières vagues de souscripteurs. Les plus avertis sont partis mais les plus cupides, mus par l’appât du gain facile, ont réinvesti leur gain en faisant adhérer d’autres souscripteurs surla base de ces gains. Ces premiers « succès» ont aussi bénéficié d’une campagne médiatique qui était axée sur la formation en secourisme et le soutien financier apporté aux projets de jeunes Camerounais.
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Un reportage diffusé au journal télévisé de 20 heures 30 sur la CRTV, édition de grande écoute sur la télévision d’Etat, a fini par convaincre quelques sceptiques que l’affaire développée par la MIDA, présentée alors comme une ONG à caractère humanitaire, était fiable et crédible. Il y a aussi les différentes autorisations de manifestations publiques obtenues par la structure, la présence des autorités administratives et gouvernementales à certaines cérémonies publiques interprétées par les souscripteurs comme un adoubement officiel, ont fini par crédibiliser une affaire lancée sur des bases floues.
Entre temps, les souscripteurs de la MIDAse sont constitués en collectif et entendent manifester dans les jours qui suivent et présenter un mémorandum à l’Etat.