L’assassinat horrible du journaliste Martinez Zogo est toujours dans les têtes. Comment peut-on l’oublier. L’animateur radio a été tué de sang-froid et son corps sans vie jeté dans un quartier de Yaoundé, à Ebogo dans un état de putréfaction.
L’homme de média a été tragiquement tué pour avoir garanti à plusieurs reprises avoir en sa possession des documents à charge, prouvant que l’homme d’affaires Jean-Pierre Amougou Belinga et des ministres du gouvernement comme Louis-Paul Motaze ou encore Laurent Esso étaient coupables de détournements de fonds publics au sommet de l’État.
Les enquêtes demandées par le président de la République Paul Biya ont vite révélé l’implication de l’agence de renseignement dirigée par Léopold Maxime Eko Eko. Des éléments de la Direction générale de la recherche extérieure (DGRE) ont participé à l’opération de filature, d’enlèvement et de torture entraînant le décès de Salomon Arsène Mbani Zogo dit Martinez.
Léopold Maxime Eko Eko a été rapidement interpellé tout comme Jean-Pierre Amougou Belinga, le magnat de la presse camerounaise. Le lieutenant-colonel Justin Danwe, chef des opérations spéciales de la DGRE ainsi que des éléments de terrain du même service ont été coffrés et auditionnés plusieurs semaines dans les bureaux du Secrétariat d’État à la défense (SED).
La suite, c’est que Léopold Maxime Eko Eko a été inculpé pour « filature », « enlèvement » et « torture ». Son bras droit Justin Danwe et les membres du commando ont pris pour les mêmes chefs d’accusation. Eux, ils sont enfermés à la prison militaire.
Mais comment a-t-on fait pour remonter la piste de ces hommes de la DGRE mouillés jusqu’au coup dans l’affaire qui est la plus commentée en ce moment au Cameroun. La question mérite d’être posée et le journaliste en exil Michel Biem Tong la pose : « Pourquoi personne ne se demande comment dans l’affaire Martinez Zogo, on a fait pour remonter jusqu’aux agents de la DGRE ? ».
Là-dessus, nous avons appris que des caméras de surveillance ont été exploitées par les enquêteurs pour découvrir que l’illustre disparu était surveillé depuis plusieurs jours par les fonctionnaires de la DGRE. Ils connaissaient ces habitudes journalières, là où il se rendait, ce qu’il faisait, quels sont ses points d’arrêts, etc.
Sans oublier que la voiture qui a servi à kidnapper Martinez Zogo et qui a été trouvée après investigation appartient à la DGRE. C’est Léopold Maxime Eko Eko qui aurait autorisé qu’elle soit utilisée par Justin Danwe et ses hommes pour commettre le forfait.
Mais encore, lorsque les questions ont été posées au lieutenant-colonel Danwe, il n’a pas hésité à tout balancer et à ainsi corroborer les faits. Les versions qu’il a données sont que son patron Léopold Maxime Eko Eko a béni l’opération ; Laurent Esso a téléphoné Jean-Pierre Amougou Belinga pour lui dire de tuer la victime, les agents de la DGRE obéissait eux aux ordres du milliardaire et PDG de Vision 4 ; ce sont eux qui ont torturé à mort Martinez Zogo…
Ce sont autant de preuves irréfutables qui ont conduit à l’arrestation de tout ce beau monde qui croupissent depuis quelques semaines maintenant en prison. On a beau signaler une guerre de clans qui serait à la base de ces arrestations nombreuses pour se faire de la place, mais on imagine mal comment ces détenus pourraient être innocents.