Assassinat de Martinez Zogo : des 'hommes' de Laurent Esso accusés de manipulation grave

L’Association des chefs traditionnels des villages sawa du Wouri, visiblement en mal de légitimité, a manqué une bonne occasion de se taire. Dans un communiqué daté du 13 février 2023, elle tente ubuesquement de sauver la tête d’un « frère du village » cité à tort ou à raison dans l’enquête de l’assassinat de Martinez Zogo. Et comment ?

Après avoir parcouru le communiqué de l’Association des chefs traditionnels des villages sawa du Wouri, ce qui saute d’emblée aux yeux c’est son intitulé : « Attention à la suspicion généralisée ». Sans qu'à première vue l'on sache dans quelle direction ces petits chefs de quartiers veulent mener l'opinion, eux dont le message se situe pourtant dans la dynamique de la célébration de la fête de la jeunesse. Plus loin, ils nous font savoir que « le climat de suspicion qui prévaut actuellement n'est propice ni à la construction morale harmonieuse de notre jeunesse, ni au développement paisible et participatif du pays ». Seulement, il n’a aucunement échappé aux yeux de certains analystes que cette sortie épistolaire, loin d'être une contribution utile à ce développement paisible et participatif, apparaît plutôt comme un appel au repli identitaire.

Par ailleurs, ce qui transparait dans le même communiqué réside dans l'espace sociologique. Celui-ci se circonscrit au territoire Sawa du Wouri. Pourquoi pas les autres Sawa ? La question mérite d’être posée. Dans la foulée, alors qu'il est de notoriété publique que seul le Ngondo, instance faîtière de l'autorité traditionnelle Sawa peut légitimement parler au nom de la communauté Sawa, l’on s'étonne de cette initiative cavalière aux allures d'opération kamikaze de ces quelques individus. Les autres chefs Sawa ne seraient-ils pas concernés et pourquoi ? La réponse à cette lancinante question apparaît dans la suite de ce communiqué finalement riche en non-dits, lorsqu’il évoque l'odieux assassinat perpétré contre la personne de Martinez Zogo pour la famille duquel les chefs « expriment leur compassion » ou lorsque dans le même communiqué, nos petits chefaillons expriment leur indignation face à ce qu'ils considèrent comme un « lynchage médiatique de hautes personnalités, alors que leur culpabilité n'a été ni formellement, ni clairement établie ».

Ce qui est évident, cette sortie des chefs de quartiers Sawa survient près d'un mois après le crime crapuleux du journaliste d’Amplitude Fm. Ceci, au moment où, avec de plus en plus d'insistance, des indiscrétions font état de ce que les premières personnes interpellées auraient livré de précieuses informations aux enquêteurs, informations qui impliqueraient de hautes personnalités dont le Garde des Sceaux, Laurent Esso et le ministre des Finances, Louis Paul Motaze.

Alors questions : pourquoi toute cette agitation subite de l'association des chefs traditionnels Sawa du Wouri ? Est-ce parce qu’une certaine clameur parle d'une possible audition de Laurent Esso dans les prochains jours ? La sortie des chefs traditionnels Sawa ne vise t-elle pas à sauver la tête d’un « frère du village » dans le collimateur ? Lorsque dans leur communiqué nos chefs Sawa évoquent la Can ou encore le Covid 19, point besoin d'être un observateur avisé du microcosme politique camerounais pour flairer que ces curieux gardiens des traditions n'ont d'autres ambitions que de manipuler l'opinion en tentant de jeter en pâture quelques proches collaborateurs du chef de l’Etat.

Pour nos analystes, l'assassinat de Martinez Zogo qui sert de prétexte à cette diatribe clanique et illégitime est très loin d’être une affaire tribale. C’est une question de droit et comme qui dirait : le droit est impersonnel. En tout cas, aucune assise aussi anecdotique soit-elle ne pourrait influencer la vision du Sed et/ou du Tribunal militaire.