Assassinat de Martinez Zogo : l'hypocrisie des hommes politiques, journalistes et de la société civile mise à nu

Ce constat est fait par le journaliste Roland Tsapi

Tue, 28 Feb 2023 Source: www.camerounweb.com

Le constat est clair, quelques temps après l'enlèvement et l'assassinat du journaliste Martinez Zogo, l'on a assisté à un silence sur le dossier si ce n'est l'affaire au niveau du SED. Toutes réactions, les prises de parole, les colères exprimées à l'époque ont laissé place à un silence de cimetière comme si cette affaire n'avait jamais existé.

De temps à autre ce sont les rebondissements qu'offrent l'enquête qui donne un semblant d'élan et de vie à la mémoire de Martinez Zogo. Ce constat est fait par le journaliste Roland Tsapi qui le dresse dans ses habituelles réflexions journalistes. Lecture.

« Au Cameroun, un 17 du mois aussi, mais cette fois de janvier, le journaliste Martinez Zogo est kidnappé devant une gendarmerie par des hommes cagoulés. Les partis politiques, les syndicats et les organisations de la société civile vaquent tranquillement à leurs occupations le lendemain.

Quelques leaders s’indignent derrière leurs claviers d’ordinateurs ou sur leurs smartphones, bien au frais dans leurs bureaux. 5 jours après, le 22 janvier 2023, le corps du journaliste est découvert sur un terrain vague, mutilé, profané et en état de décomposition. Il avait été assassiné avec moins de respect qu’une poule ou une chèvre. L’indignation est totale, mais l’indifférence est plus criarde. Chacun sort pour aller à l’église prier Dieu ce dimanche 22 janvier.

Dans la semaine qui suit, quelques leaders des partis et des organisations de la société civile signent des déclarations, juste pour exister. Quelques journalistes s’habillent en noir et se blottissent sur les murs des édifices dans différentes villes du pays avec des pancartes en main réclamant justice pour Martinez Zogo. Le journaliste Roger Chantal Tuilé annonce une manifestation qu’il s’empresse d’annuler quelques heures après, sur les conseils de l’autorité administrative. Le député Cabral Libi’i appelle timidement les partis politiques à une réunion publique le 12 février, à laquelle lui-même n’était pas, faute d’autorisation.

L’assassinat de Martinez Zogo connait ainsi un silence politique, civil et syndical. Au Rdpc parti au pouvoir, on est occupé à sécuriser les sièges au Sénat, une Chambre que le président sénégalais Macky Sall a supprimé pour offrir une centrale solaire à son pays. Dans ce parti de la bourgeoisie compradore, on pense d’abord à soi, et accessoirement à la souffrance des peuples.

Au Mrc de Maurice Kamto, la mort de Martinez Zogo n’a pas mérité une marche blanche, même pas l’intention n’a été exprimée, quitte à ce que la police vienne à domicile interpeller ceux qui avaient cette intention. Au Sdf, le Chairman Ni John Fru Ndi est occupé à faire la purge au sein de son parti pour se débarrasser des cadres qui ne pensent pas comme lui et sécuriser son pouvoir, quitte à le léguer à qui il veut. Les autres partis politiques ont depuis longtemps aménagé leurs places au sein du pouvoir ou à côté, et entendent rester politiquement corrects.

Dans la société civile, on pense déjà au projet à écrire pour la protection des journalistes et demander à des partenaires le financement, qui pourra toujours servir à quelques séminaires de renforcement des incapacités. Ailleurs un jeune s’est lui-même mis le feu dessus et le peuple n’a pas supporté que la misère entretenue par le pouvoir l’ait conduit à cet acte, au Cameroun un citoyen a été sauvagement détruit, mais les leaders des partis politiques, de la société civile et des syndicats cherchent plutôt à y tirer des dividendes, tout en mettant en application cette sagesse en vogue dans une jungle, selon laquelle "qui veut vivre longtemps vit cachée" »

Source: www.camerounweb.com
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