Corruption et escroquerie lors des accouchements : des médecins et hommes d'affaires pris en flagrant délit à l'ouest

Cesarienne Afrique des toubibs véreux font du business en imposant ce mode d’accouchement aux futures mamans.

Mon, 13 Mar 2023 Source: INTÉGRATION N°547

Avec plus de 4 000 naissances par une opération chirurgicale entre janvier et septembre 2022, des toubibs véreux font du business en imposant ce mode d’accouchement aux futures mamans.

Au cours des neuf premiers mois de l’année dernière, l’on a enregistré 67 césariennes dans le district de santé de Baham (HautsPlateaux). Durant la même période, dans le département du Noun, le nombre de bébés nés par ce type d’accouchement est de 964 (soit 269 dans le district de santé de Foumbot, 512 dans celui de Foumban et 183 dans celui de Malantouen). Toujours entre janvier et septembre 2022, dans le Haut-Nkam, le compteur affiche 185 cas à l’échelle du district de santé de Bafang. Dans le Koung-Khi, 251 césariennes ont été pratiquées dans le district de santé de Bandjoun.

En provenance du département de la Menoua, les données font respectivement état de 70, 560 et 626 cas dans les districts de santé de PenkaMichel, Mbouda et Dschang. Dans le Ndé, 228 mères ont accouché par césarienne dans le district de santé de Bangangté. Du côté de la Mifi, dans le district de santé éponyme, il y a eu 1 072 cas.

Explications

À ausculter ces chiffres obtenus auprès de la délégation régionale de la Santé publique de l’Ouest (DRSPO), le volume d'accouchements par césarienne s'arrondit plus vite que la silhouette d'une femme enceinte dans au moins 11 districts de santé publique sur les 20 que compte la région de l’Ouest.

«Si on regarde les courbes régionales à l’aune de cette progression dans la région de l’Ouest, on risque fort d’y aboutir à une épidémie de césariennes qu’ailleurs d’ici quinze ans», diagnostique Martine Sosso, économiste de la santé. Pour tenter de comprendre cette réalité autrement, Intégration a joint Etienne Wado au téléphone le 10 mars 2023. En sa qualité de Point focal régional Planning Familial à la DRSPO, il commence par quelques précisions. «4327 césariennes ont été pratiquées dans la région, soit plus de 300 par mois. Dans ces chiffres, il y a la césarienne d’urgence qui résulte d’une complication pendant l’accouchement. À côté, il y a des cas de césariennes programmées bien avant le début des contractions et des césariennes de convenance qui sont une décision assumée par la future maman», situe-t-il. Notre interlocuteur renseigne qu’» en tout état de cause, les risques de poursuites judiciaires poussent aussi les médecins à accepter la césarienne, même si elle n'est pas indiquée. Ils redoutent que les femmes auxquelles ce mode d'accouchement aurait été refusé se retournent contre eux si la naissance par voie basse était suivie de complications ».

« Juteux »

En marge de ces indications, un médecin exerçant dans le district de santé de la Mifi à Bafoussam assure que «la hausse du nombre de césariennes pratiquées dans la région de l’Ouest n'a rien à voir avec une nécessité médicale, mais plutôt avec le personnel médical qui est plus soucieux de son confort que du bien-être des femmes ». « Même quand le prix est le même, le temps que cela prend fait qu'une césarienne sera toujours plus rentable pour un professionnel qu'un accouchement naturel. Pour la durée d'un accouchement par voie basse qui peut aller jusqu'à 24 heures, on peut pratiquer beaucoup de césariennes », ajoute-t-il.

De son côté, un autre praticien exerçant en clientèle privée à Bafoussam se montre plus explicite. «La césarienne est mieux payée par l’assurance maladie qu’un accouchement par voie basse», souffle-til. Citant ses échanges avec ses collègues, ce médecinobstétricien fait savoir que, dans le giron de la santé publique de l’Ouest-Cameroun, «les taux de césariennes changent suivant le revenu de la personne; les plus aisés ont recours à la césarienne dans la plupart des cas, alors que les bas revenus accouchent par voie naturelle»

Source: INTÉGRATION N°547
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