CovidGate: l'étau se resserre autour de Paul Motaze, Manaouda Malachie et Tchuente

Seuls le Minsanté, le Minresi et le Minfi avaient engagé des dépenses

Fri, 19 Nov 2021 Source: La Nouvelle Expression

L’audit réalisé par la Chambre des compte&dresse un tableau sombre des pratiques managériales des combattants étatiques de la pandémie.

Comme on pouvait s’y attendre, le rapport d’audit de la Chambre des comptes sur la gestion du Fonds spécial de solidarité nationale pour la lutte contre le coronavirus et ses répercussions économiques et sociales que vient de rendre public la Chambre des comptes (Cdc) de la Cour suprême, le ministre de la Santé publique (Minsanté), propulsé au-devant de la scène, est un acteur de premier plan cible privilégiée du «gang» qui s’est illustré dans une gestion peu orthodoxe des fonds publics alloués à la cause. Ainsi, les auditeurs parlent de « Défaillances de pilotage du ministère de la Santé publique».

Ici, la Cdc relève entre autres écarts, «un système de production de statistiques peu fiable, un système de production de statistiques non automatisé, une statistique non produite, l’insuffisance de contrôle de l’administration centrale sur l’utilisation des fonds alloués, un tableau de bord limité aux données sanitaires, qui n’a pas permis le pilotage administratif de la riposte, une association insuffisante des responsables locaux à la gestion de la pandémie, une gestion peu efficiente des personnels de santé».

Sur les deux derniers points, le rapport trouve que «les décisions de l’administration centrale ont souvent été prises sans concertation avec l’échelon local ou sans tenir compte des besoins exprimés localement», et aussi que «le choix des hôpitaux de district comme sites de prise en charge s’est souvent avéré non pertinent, parce qu’il n’a pas été tenu compte de leur capacité à isoler les patients dans des bâtiments dédiés».

Ainsi, la Cdc a pu constater pour les cas des hôpitaux de Mfou, de la Cité verte et de Nkolndongo, «qu’ils ne disposaient pas des locaux isolés permettant une hospitalisation de patients atteints de la Covid-19, si bien qu’ils ont choisi de réaliser une prise en charge à domicile, au risque de contaminer l’entourage familial.» Par ailleurs, en ce qui concerne les primes, «l’administration centrale n’est intervenue ni pour donner une base réglementaire à cette prime et définir une grille harmonisée sur l’ensemble du territoire national, ni pour mobiliser les moyens financiers adéquats pour que le versement de cette prime soit effectif», lit-on.

Et note que «si dès primes ont effectivement été versées aux personnels médicaux, paramédicaux et administratifs, elles l’ont été sans base réglementaire ni définition d’une grille de rémunération et ont conduit à des situations très disparates, parfois en l’absence de décisions hiérarchiques formalisées. Parfois, le paiement de primes a donné lieu à des pratiques critiquables». Citant en exemple, la Délégation régionale du Littoral qui « a attribué un montant de primes de 6 845 000 Fcfa à ses dirigeants alors que ces crédits étaient destinés au paiement des primes des équipes de terrain».

«…Des versements du budget général de l’État difficiles à retracer»

Plus important, le rapport parie d’«un stock de médicaments introuvable, d’une valeur de 536 400 000 F». Cette somme était défalquée sur les mille milliards Fcfa destinés à l’achat des médicaments, «en dehors de {’hydroxychloroquine et l’azithromycine, qui devaient être produits localement sous la responsabilité du Minresi», relève-t-on. Il s’avère que la somme introuvable devait financer quatre marchés distincts. Marché lancés à l’évidence, mais ..alors que les quatre marchés de médicaments devraient correspondre aux besoins identifiés des hôpitaux pour juguler la pandémie, la Chambre des Comptes souligne que le groupe de travail qui a validé ces achats ne comprenait ni médecin, ni pharmacien».

Mais globalement, nul ne semble échapper aux griffes des auditeurs. Les grandes lignes du rapport laissent entrevoir de grands écarts de gestion. La Cdc relève notamment «un compte d’affectation spéciale faiblement piloté et au fonctionnement dérogatoire du droit commun, une insuffisante fiabilité de l’information comptable et financière, une conception extensive de l’urgence qui a permis de s’affranchir des règles de transparence, des cas avérés de mauvaises pratiques de détournements, des versements du budget général de l’État difficiles à retracer,….»

Face à la montée en puissance de la pandémie du Covid-19 apparue au Cameroun en mars 2020, le gouvernement a mis sur pied un Plan global de riposte d’un montant de 479 milliards FCFA sur trois ans, dont 296 milliards FCFA pour l’exercice 2020. Des textes du président de la République, du premier ministre et du ministre des Finances traceront le cadre de gestion desdits fonds, de même qu’un audit décidé en juillet 2020 par le président de la République. Le rapport d’audit indique qu’à cette période, «seuls le Minsanté, le Minresi et le Minfi avaient engagé des dépenses». Il est mentionné que «le Cabinet d’audit Bekolo and partners et une équipe d’experts ont été mandatés pour participer ponctuellement à quelques aspects de cet audit».

Source: La Nouvelle Expression
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