La région du Sud, dans le cadre des préparatifs de l’élection présidentielle du 12 octobre, est transformée en territoire interdit aux opposants. Le lanceur d’alerte Paul Chouta le dit sans détour, ce qui s’est passé hier à Ebolowa est une gifle à la démocratie et un scandale d’État. Explications.
Dans le fief natal de Paul Biya, les opposants ne sont pas seulement rejetés : ils sont traités comme des intrus sur leur propre sol. Le président de l’UNDP, Bello Bouba Maigari, venu tenir un meeting, a été stoppé net à l’entrée de la ville. Prétexte grotesque : « le socle granitique » de Paul Biya.
En clair, une zone sanctuarisée où seule la voix du RDPC a droit de cité. Hier, la capitale régionale était transformée en camp retranché : circulation interdite, véhicules immobilisés, répression préventive. Tout ça pour bâillonner un meeting. On se croirait dans une dictature de bas étage, pas dans une République qui vend à longueur de discours le vivre-ensemble.
Ce n’est pas la première fois : Maurice Kamto avait déjà été humilié de la même façon. Toujours à Ebolowa. Toujours avec le même scénario. Preuve que ce n’est pas un accident, mais une politique délibérée. Une xénophobie administrative orchestrée par des petits commis zélés d’un régime aux abois.
Résultat, le Sud se retrouve présenté comme un État dans l’État, un territoire où l’on n’entre qu’avec un visa politique. Un apartheid régional, pendant qu’on nous berce de slogans creux d’unité nationale.
Il faut préciser que cet acte est l'émanation de certaines élites et autorités zélées du régime Biya-RDPC qui n'a rien à voir avec nos frères du Sud qui sont accueillants et hospitaliers. « Trop, c’est trop, peste Paul Chouta.
Il arrive un moment où l’indignation ne suffit plus, où il faut répondre coup pour coup. Si le RDPC peut interdire les autres chez lui, alors les autres ont le droit – et le devoir – de lui appliquer la même réciprocité ailleurs. C’est ça aussi, la logique du rapport de force, termine Chouta.