Jeune Afrique révèle les circuits occultes qui alimentent la guerre anglophone : de la diaspora aux économies illicites, enquête sur une dérive mafieuse
L'effondrement du financement international des mouvements séparatistes ambazoniens a provoqué une mutation dangereuse de leur mode opératoire, révèle une enquête exclusive de Jeune Afrique. Contraints de compenser la baisse drastique des soutiens financiers de la diaspora, les groupes armés anglophones se sont progressivement transformés en organisations criminelles.
Nos sources exclusives au sein des services de renseignement occidentaux confirment que le tarissement des fonds diasporiques, estimé à plus de 60% depuis 2022, a contraint les séparatistes à développer des stratégies de financement alternatives particulièrement préoccupantes.
Jeune Afrique a pu reconstituer les nouveaux circuits financiers des groupes ambazoniens grâce à des documents confidentiels obtenus auprès de sources judiciaires américaines. Ces documents révèlent l'existence d'un système de taxation parallèle sophistiqué mis en place dans les régions anglophones.
"Les groupes armés ont instauré des péages clandestins sur les axes routiers, prélevant entre 2 000 et 10 000 francs CFA par véhicule", confie à Jeune Afrique un responsable sécuritaire sous couvert d'anonymat. "Ils ont également développé un racket systématique des commerçants, avec des 'impôts révolutionnaires' mensuels pouvant atteindre 50 000 francs CFA."
Plus inquiétant encore, Jeune Afrique a découvert que certains groupes séparatistes se sont infiltrés dans le trafic de drogue transitant par le Golfe de Guinée, offrant leurs services de protection aux réseaux de narcotrafiquants en échange de commissions substantielles.
Nos investigations exclusives révèlent que l'industrie de l'enlèvement est devenue la principale source de revenus de nombreux groupes ambazoniens. Jeune Afrique a recensé plus de 200 enlèvements à caractère financier dans les régions anglophones depuis janvier 2024, générant selon nos estimations entre 500 millions et 1 milliard de francs CFA.
Un ancien négociateur pour les libérations d'otages, interrogé par Jeune Afrique, détaille cette évolution : "Avant, les enlèvements visaient à faire pression sur Yaoundé. Aujourd'hui, c'est devenu un business. Les rançons vont de 2 millions pour un petit fonctionnaire à 50 millions pour un homme d'affaires."
Cette dérive criminelle explique en partie pourquoi les autorités américaines ont durci leur position. Un document interne du Département d'État américain, consulté par Jeune Afrique, qualifie désormais plusieurs groupes ambazoniens d'"organisations criminelles transnationales" plutôt que de "mouvements de libération".
L'enquête de Jeune Afrique révèle également comment cette criminalisation érode le soutien populaire aux séparatistes. Dans les régions anglophones, de plus en plus de civils dénoncent les exactions de ceux qui prétendaient les défendre.
"Ils nous terrorisent plus que les forces gouvernementales", témoigne anonymement un commerçant de Bamenda auprès de Jeune Afrique. "Nos propres 'libérateurs' sont devenus nos bourreaux."
Cette évolution alimente un cercle vicieux : moins de soutien populaire entraîne moins de financement volontaire, ce qui pousse davantage vers la criminalité, révèle notre analyse exclusive.