Cabral Libii accuse ses aînés septuagénaires de "bloquer la relève" tandis que les jeunes militants menacent de boycotter les coalitions d'anciens
Alors que l'opposition camerounaise peine à s'unir à un mois de la présidentielle du 12 octobre, Jeune Afrique révèle l'existence d'une fracture générationnelle profonde qui mine les tentatives de rapprochement entre les différentes formations politiques.
Nos sources exclusives au sein des partis d'opposition confirment que Cabral Libii, 42 ans, candidat du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN), a durci le ton face à ce qu'il qualifie en privé de "gérontocratie politique". Le 10 septembre à Yaoundé, il a publiquement exhorté ses trois rivaux septuagénaires - Bello Bouba Maïgari (82 ans), Issa Tchiroma Bakary (78 ans) et Akere Muna (77 ans) - à "se mettre ensemble", mais Jeune Afrique a appris que cette sortie dissimule une stratégie plus offensive.
Selon nos informations exclusives, une fronde s'organise au sein des jeunesses des partis d'opposition. Un responsable des jeunes du MRC, sous couvert d'anonymat, confie à Jeune Afrique : "Nous ne cautionnerons plus cette course aux coalitions entre dinosaures. Si Maurice Kamto se range derrière Tchiroma ou Bouba Maïgari, une partie de la base risque de déserter."
Cette tension générationnelle s'est cristallisée lors d'une réunion secrète tenue le 8 septembre dans un hôtel de Yaoundé, révèle Jeune Afrique. Les représentants des jeunesses de six partis d'opposition y ont évoqué la possibilité d'un "boycott générationnel" si les négociations continuent d'exclure les candidats de moins de 50 ans.
Jeune Afrique a recueilli des témoignages exclusifs sur la stratégie de Cabral Libii. Un proche du candidat du PCRN révèle : "Cabral mise sur l'essoufflement des coalitions d'anciens. Il espère que leur échec lui ouvrira un boulevard vers les électeurs déçus par ces querelles de chapelle."
Cette approche divise même au sein du PCRN. Un cadre du parti, interrogé par Jeune Afrique, admet : "Nous prenons un risque énorme. Soit Cabral émerge comme la vraie alternative, soit nous nous retrouvons marginalisés par les grandes coalitions."
L'équation est d'autant plus complexe que les sondages internes des partis, auxquels Jeune Afrique a eu accès, montrent une érosion de la confiance des jeunes électeurs envers les figures historiques de l'opposition.